
La BCE pousse à ses limites son plan d’achats d’actifs

La BCE est prête à tordre les limites de son programme d’achats d’actifs pour le mener à bien. Les minutes de sa dernière réunion publiées hier indiquent que des déviations «limitées et temporaires» de la clé de répartition de ses achats par pays sont «possibles» et surtout «inévitables» pour faire face à la raréfaction des titres éligibles, notamment de Bunds allemands. Une mention interprétée par les marchés comme la porte ouverte à davantage de rachats de dettes d’Europe du Sud. Hier, le taux 10 italien s’est détendu de 10 points de base, à 2,12%, et celui de l’Espagne de 9 pb.
Face à l'éventuelle pénurie de Bunds, la possibilité offerte aux banques centrales nationales de la zone euro depuis le 13 janvier d’acheter des obligations d’Etat dont le rendement est inférieur au taux de dépôt (-0,40%) a déjà été utilisée par la Bundesbank. Si aucun détail ni montant n’est connu, la banque centrale allemande a cependant révélé dans la liste des collatéraux qu’elle propose en prêt au sein de ses facilités de repo une série de 4 lignes d’obligations Schatz de maturités mars, juin, septembre et décembre 2018 dont les rendements se situent à des niveaux respectifs de -0,836%, -0,846%, -0,823% et de -0,799%. La Bundesbank a donc exercé l’option de rachat sous -0,4% plus rapidement que ce qui était anticipé par les marchés.
Le montant des rachats d’obligations allemandes a atteint 17,7 milliards d’euros en janvier, soit 322 milliards depuis le début du programme et environ 25% des rachats totaux. Le fait que la Buba ait exercé son option «peut signifier plusieurs choses : la Bundesbank pourrait faire face à des contraintes plus fortes que prévu en termes d’univers de titres éligibles (avant d’atteindre les limites de 33% imposées), ou bien elle pourrait avoir décidé de faire preuve de pragmatisme en exerçant son option dès maintenant pour étaler ses rachats dans le temps et limiter les distorsions qu’elle crée nécessairement sur la courbe des taux. Cette deuxième interprétation me semblant la plus raisonnable», explique ainsi Frédérik Ducrozet, économiste chez Pictet.
Le rendement du Bobl se situant sous le seuil de -0,4%, à -0,42%, la BCE a ouvert ses rachats à l’ensemble des titres allemands de maturité inférieure à 5 ans. En n’incluant que les titres de maturité supérieure à 1 an dont la Buba ne peut détenir que 33%, cela correspond à près de 150 milliards.
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