
La BCE organise une réunion surprise après le fort écartement du spread italien

Les taux italiens se détendent fortement mercredi et l’euro s’apprécie face au dollar alors que la Banque centrale européenne a annoncé une réunion impromptue au sujet de la détérioration des conditions de marché.
Le Conseil des gouverneurs de la BCE tiendra ce mercredi une réunion surprise pour discuter des récents mouvements sur le marché des emprunts d’Etat, a annoncé un porte-parole de l’institution. Selon une source proche du dossier citée par Bloomberg, la réunion devrait débuter à 11h et il n’est pas clair à ce stade si un communiqué sera publié à son issue.
Les rendements obligataires, et particulièrement ceux des dettes périphériques, ont fortement augmenté depuis que la BCE a annoncé jeudi qu’elle relèverait ses taux d’intérêt en juillet et en septembre.
Le taux italien diminue
L'écart entre le rendement du Bund allemand à dix ans et son équivalent italien a atteint mardi son plus haut niveau à près de 250 points de base, depuis plus de deux ans, sur fond d’inquiétudes quant à l’impact du resserrement monétaire de la BCE sur les pays les plus endettés du bloc monétaire. Le rendement de l’emprunt d’Etat italien BTP 10 ans a bondi au-delà de 4%, à un plus haut depuis 2014.
Mercredi matin, il se détendait de 23 points de base, retombant sous 4%, à 3,99%. De son coté, l’euro montait de 0,63%, à 1,048 dollar.
Les marchés actions européens ont ouvert en hausse, l’Euro Stoxx 50 progressant de 0,9% à 3.506 points et l’indice FTSE Mib de la Bourse de Milan bondissant de 2,3% à 22.355 points. Le CAC 40 montait de 1%, reprenant au passage les 6.000 points.
«Le Conseil des gouverneurs tiendra une réunion ad hoc mercredi pour discuter des conditions actuelles du marché», a déclaré un porte-parole de la BCE.
Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, a déclaré mardi que la banque centrale surveillait «étroitement» l'évolution du marché et que celle-ci était prête à déployer des outils si nécessaire, en cas de poussée «désordonnée» des coûts d’emprunt des pays les plus endettés.
«Nous ne tolérerons pas des changements dans les conditions de financement qui vont au-delà des facteurs fondamentaux et qui menacent la transmission de la politique monétaire», a déclaré Isabel Schnabel, ajoutant que l’engagement de la BCE à éviter la fragmentation n’avait «aucune limite».
Une première option dont dispose la BCE pour contenir les spreads serait le réinvestissement du produit des obligations arrivant à échéance dans son énorme portefeuille d’actifs sur les marchés en difficulté. Ensuite, la banque pourrait si besoin mettre en place de nouveaux instruments dans un délai très court, a indiqué Isabel Schnabel.
Vers une coordination des banques centrales ?
«Les mots d’Isabelle Schnabel ont été très forts, note Derek Halpenny, responsable recherche global markets EMEA et International Securities chez MUFG. La réunion pourrait être davantage axée sur l’annonce d’un plan de réduction des risques de fragmentation plutôt qu’une hausse préventive des taux.» La BCE devrait être réticente à augmenter ses taux entre deux réunions mais il ne faut pas exclure complètement un scénario de coordination des banques centrales sur les taux. «Mettons que la Fed ait signalé aux autres banques centrales une intention d’agir de manière agressive ce mercredi (+100 points de base), une action coordonnée serait justifiée», ajoute-t-il.
La BCE pourrait envisager d’annoncer à la fois des mesures pour traiter les risques de fragmentation et une hausse des taux, ou au moins modifier sa forward guidance (pilotage des anticipations du marché) par rapport à une hausse en juillet (+25 pb à +50 pb) et les hausses futures, selon l’analyste.
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