
La BCE maximise le montant des dettes corporates éligibles à ses rachats

La Banque centrale européenne (BCE) s’est assuré un vivier d’obligations d’entreprises le plus large possible, d’après les détails de ses opérations annoncées jeudi dernier. «La BCE devrait être capable de faire plus que ce que nous anticipions», écrit Michal Jezek, stratégiste chez Deutsche Bank. La banque allemande évalue à 865 milliards d’euros l’univers d’actifs éligibles, en se basant sur la valeur de marché, «plus de 50% supérieurs à ce que nous avions estimé».
Même son de cloche chez Natixis, malgré des estimations moins généreuses, à 536 milliards, «en appliquant les critères de limites à 70% [d’une ligne] et 33% [pour les sociétés publiques], nous parvenons à un montant maximum d’achats de 337 milliards d’euros». Si la BCE n’a pas livré de cible pour ses volumes d’achats, ceux-ci seront communiqués sur une base hebdomadaire, puis détaillés chaque mois. Le consensus semble toutefois s’établir sur un montant mensuel de 5 milliards d’euros environ.
La limite de maturité, fixée à 30 ans, laisse espérer à Marilyn Watson, stratégiste en chef taux fixe chez BlackRock, une hausse des émissions d’entreprises à maturité longue. «Cela pourrait être le premier pas vers un marché des obligations d’entreprises supérieures à 15 ans bien plus profond en Europe», écrit-elle. L’absence de taille minimale pour les émissions éligibles devrait quant à elle «favoriser les petits émetteurs», note Jean-François Robin de Natixis.
Le critère de notation se révèle également plutôt laxiste. Une seule notation en catégorie d’investissement (BBB- et supérieur) par l’une des quatre agences reconnues par l’Eurosystème, qui incluent la canadienne DRBS, suffira à garantir l’éligibilité de l’émetteur. Seront toutefois exclues les filiales bancaires de groupes non financiers.
Pour ce qui est des conditions de financement, UBS estime que les rendements devraient continuer à se resserrer sur les obligations en catégorie d’investissement, «sur le marché primaire et secondaire». «Reste à voir à quel point les conditions de liquidités déjà difficiles sur ces marchés permettront à la BCE d’effectuer des achats importants», note Michal Jezek. Celle-ci a du moins «clairement montré qu’elle était sérieuse en matière de rachats d’obligations d’entreprises».
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