La BCE augmente ses taux de 0,75 point, une hausse historique

La Banque centrale européenne prévoit désormais une croissance de 0,9% en 2023 et une inflation à 5,5%.
Valérie Venck, Agefi-Dow Jones
Immeuble Banque centrale européenne (BCE) Francfort illuminé fin 2021-début 2022 pour  les 20 ans des pièces et billets euros
Le siège de la Banque centrale européenne.  -  BCE

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi pour la première fois depuis son histoire une hausse de 75 points de base de ses taux directeurs et de nouvelles augmentations pour les mois à venir.

«Nous voulons atteindre cet objectif [d’inflation] de 2% à moyen terme et nous prendrons les mesures nécessaires pour y parvenir», a déclaré la présidente de la BCE, Christine Lagarde, lors de la conférence de presse qui a suivi la décision de politique monétaire.

Alors que les prix à la consommation dans la zone euro ont augmenté au rythme record de 9,1% sur un an en août, «nous concentrons nos efforts en ce début de période [de normalisation de la politique monétaire] et continuerons à augmenter les taux réunion après réunion, sur la base des données disponibles», a-t-elle ajouté. «Les risques pour l’inflation sont orientés à la hausse», a martelé la responsable.

Les équipes de la BCE prévoient un reflux progressif de l’inflation à mesure que «la normalisation de la politique monétaire produira ses effets sur l'économie et dans les mécanismes de fixation des prix», mais elle devrait encore dépasser 2% en 2024, soit à la fin de son horizon de projections. La BCE anticipe à présent une inflation de 8,1% en 2022, de 5,5% en 2023 et de 2,4% en 2024. En juin, ses économistes attendaient une inflation de 6,8% cette année, puis de 3,5% en 2023 et de 2,1% en 2024.

«Nous sommes si éloignés du taux qui nous permettra de ramener l’inflation à 2% que nos hausses doivent non seulement intervenir au moment opportun mais aussi avoir une magnitude qui nous rapprochera rapidement de ce taux», a expliqué Christine Lagarde, en soulignant que plusieurs réunions de politique monétaire seraient nécessaires pour atteindre cet objectif.

«Il faudra probablement plus de deux [réunions], y compris celle-ci, mais il en faudra probablement moins de cinq», a-t-elle élaboré. «Personne ne doit s’attendre à un retour de l’inflation à 2% dans les trois prochains mois», a-t-elle encore souligné, en ajoutant que «la politique monétaire ne réduira[it] pas les prix de l'énergie».

Stagnation attendue de l'économie

Parallèlement, «les données récentes signalent un ralentissement substantiel de la croissance économique dans la zone euro, et l'économie devrait observer une phase de stagnation en fin d’année et au premier trimestre 2023», a prévenu la BCE.

La flambée des prix de l'énergie pèse sur le pouvoir d’achat des ménages, les difficultés d’approvisionnement «continuent de contraindre l’activité économique» et les tensions géopolitiques, liées notamment à la guerre en Ukraine, sapent la confiance des entreprises et des consommateurs, a détaillé la BCE.

Ses économistes tablent désormais sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 3,1% en 2022, 0,9% en 2023 et 1,9% en 2024. En juin, ils anticipaient une croissance de 2,8% en 2022, suivie par une hausse de 2,1% du PIB l’an prochain et en 2024.

Ces prévisions constituent le scénario de base de la BCE, a indiqué Christine Lagarde, en précisant que le scénario le plus défavorable de l’institution prévoyait une baisse de 0,9% du PIB de la zone euro en 2023. Ce scénario comprend un arrêt total des livraisons de gaz russe à la zone euro, a-t-elle précisé.

L’euro poursuit sa baisse

En dépit des efforts déployés par la BCE pour freiner l’inflation, l’euro poursuit sa baisse face au billet vert jeudi, accusant vers 17h00 un recul de 0,5%, à 0,9959 dollar, un niveau proche de son point bas des 20 dernières années.

«Nous n’avons pas d’objectif de change pour l’euro mais il est évident que nous le surveillons attentivement», a indiqué Christine Lagarde pendant sa conférence de presse, en précisant que la devise avait perdu 12% face au dollar au cours des 12 derniers mois. «Nous savons que cela a un impact sur l’inflation», a ajouté la banquière centrale. La dépréciation de l’euro a notamment un effet direct sur les importations de la zone euro, les prix de l'énergie étant libellés en dollar, a-t-elle expliqué.

Plusieurs responsables de la BCE, dont Isabel Schnabel qui est membre du directoire, avaient exprimé ces dernières semaines leur détermination à ramener l’inflation à l’objectif de 2% de la banque centrale, même au détriment de l'économie, et les marchés financiers intégraient presque complètement une hausse de 75 points de base des taux de la banque centrale ce jeudi.

La BCE avait relevé en juillet ses taux pour la première fois depuis 2011, optant alors pour une hausse de 50 points de base, supérieure à ses propres indications prospectives. Elle avait souligné qu’il s’agissait de la première étape du processus de normalisation de sa politique monétaire.

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