
La Banque du Japon recentre sa politique monétaire sur la courbe de taux

Si beaucoup avaient tenté de le faire, aucune banque centrale n’en avait jusqu’ici fait un objectif clair de politique monétaire. Tout en conservant le cadre de sa politique monétaire à l’issue de sa réunion d’hier, la BoJ a introduit un objectif de «contrôle de la courbe des taux» visant à maintenir le rendement des emprunts d’Etat (JGB) à 10 ans sur ses niveaux actuels proches de 0%. Pour ce faire, l’autorité a introduit davantage de souplesse dans le montant de ses rachats de JGB qui pourront ainsi s’écarter à la hausse comme à la baisse des 80.000 milliards de yens par an ciblés jusqu’à présent en fonction des montants nécessaires pour stabiliser le taux 10 ans. Elle a aussi levé les contraintes de maturité sur ses rachats.
Après l’épisode brutal durant lequel la courbe des taux japonaise est presque entièrement passée en territoire négatif au cours du mois de juillet, avec un niveau de liquidité même tombé à ses plus bas historiques sur le marché des JGB, la BoJ souhaite désormais garantir une pente suffisamment élevée pour préserver la rentabilité du secteur bancaire. L’indice des valeurs bancaires du Topix s’est envolé de 6,8% sur la séance d’hier après l’annonce de la BoJ. Avec la remontée du rendement à 10 ans, le spread avec le taux 2 ans est revenu à environ 20 pb. La BoJ, qui détient déjà l’équivalent de 65% du PIB japonais en JGB, n’a pas écarté la possibilité de baisser les taux courts, déterminés par le taux de dépôt fixé à -0,1%, ou l’objectif de taux longs.
«La concentration de sa détention actuelle de JGB sur certains segments limite la capacité de la BoJ à manipuler la courbe, alerte néanmoins RBC Capital Markets. Le spread entre les taux à 10 et à 30 ans s’est même aplati hier, les marchés estimant que la BoJ devra racheter davantage de titres ultra longs pour conserver une expansion de sa base monétaire de 80.000 milliards de yens par an, avec la baisse des rachats sur le segment 10 ans. L’introduction d’une cible de taux pourrait signer la mort du programme d’assouplissement QQE si les deux deviennent mutuellement incompatibles». Si le risque d’une réduction progressive des rachats d’obligations de la BoJ au cours du temps a déjà fait chuter le yen de 2,2% face au dollar hier, il pourrait aussi faire revenir la parité à 95, soit une dépréciation supplémentaire de 6%, selon Citigroup.
Plus d'articles du même thème
-
EXCLUSIF
Les gestionnaires de taux contiennent leur panique
Les prévisionnistes de L’Agefi tendent à ajouter une baisse de taux à six mois tout en diminuant leurs prévisions pour les taux longs aux Etats-Unis et en augmentant celles sur la zone euro. -
La Banque d’Australie passe un tour
Malgré une inflation en forte baisse, la banque centrale australienne reste prudente, en raison d’un marché de l’emploi vigoureux et d’une situation internationale incertaine. -
«La Fed devrait poursuivre ses baisses de taux jusqu’à 3,75% en fin d’année»
Warin Buntrock, directeur adjoint des gestions chez BFT IM
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions