Les valeurs de la défense encore en première ligne

L’attaque du Hamas et la réponse de Tsahal font craindre un élargissement du conflit. Les Bourses européennes en pâtissent, à l’exception des valeurs pétrolières et de celles exposées à la défense.
Dassault Aviation  avion Rafale
Dassault Aviation, le constructeur du Rafale, profite des tensions au Proche-Orient en Bourse  -  Crédit Dassault Aviation / A. Pecchi

Le conflit déclenché par le Hamas contre Israël samedi a déjà fait plusieurs centaines de morts et des milliers de blessés. Alors que le Hezbollah libanais a effectué des tirs contre l’Etat hébreu, que les Etats-Unis envoient des munitions et un porte-avions vers le pays et que l’Iran aurait, selon le Wall Street Journal, aidé à planifier l’attaque, la perspective d’un embrasement régional ne peut être exclue. La guerre du Kippour, qui a eu lieu il y a 50 ans presque jour pour jour et avait entraîné le premier choc pétrolier, est dans tous les esprits.

«Cette guerre a[vait] jeté une ombre sur le reste des années 1970 et, bien que nous en soyons encore loin, elle nous rappelle que le risque géopolitique est élevé en ce moment avec le conflit en Ukraine, les tensions entre les Etats-Unis et la Chine et, à présent, celles qui refont surface au Moyen-Orient. La façon dont l’Arabie saoudite, l’Iran et les Etats-Unis seront entraînés dans ce conflit sera déterminante», estiment les analystes de Deutsche Bank dans une note.

Aérien en berne, pétrole à la fête

Dans ce contexte, les Bourses européennes ont reculé lundi, dans la foulée des places du Proche-Orient dimanche. L’Euro Stoxx 50 a perdu 0,83%, le CAC 40 0,55% et le Dax 0,72%. Les compagnies aériennes sont particulièrement affectées. Plusieurs d’entre elles ont annoncé ce week-end suspendre ou réduire leurs liaisons vers Israël. Air France-KLM a perdu 8,5% en Bourse, Lufthansa 4,35%, IAG 5,82% et EasyJet 5,23%. «Les valeurs aériennes pourraient souffrir de la hausse des prix du carburant due à la guerre», indiquent les analystes d’AlphaValue dans un commentaire de marché.

A l’inverse, les entreprises exposées aux secteurs du pétrole et de la défense profitaient de la situation en Bourse. Si Israël et la Palestine ne sont pas des producteurs importants d’or noir, l’augmentation des tensions géopolitiques dans une zone qui concentre une large partie des réserves mondiales d’hydrocarbures (Arabie saoudite, Irak, Iran, etc.) faisait grimper le cours du Brent lundi. En fin de journée, il bondissait de 3,9%, à 87,89 dollars.

Dans son sillage, l’action TotalEnergies a gagné plus de 1,7%, Shell a avancé de 2,91% et BP de plus de 3,16%. Les groupes de services pétroliers comme CGG (+4,97%), Vallourec (+4,47%) ou Saipem (+1,8%) en profitaient également. Outre-Atlantique, ExxonMobil a débuté la séance par un gain supérieur à 3% et Chevron s’adjugeait 2,4%.

La défense en profite, encore

Déjà portées par la guerre en Ukraine depuis début 2022, les entreprises de défense tirent également leur épingle du jeu. A Paris, Thales a clôturé la séance en tête du CAC 40 avec un gain de 4,69%. Dassault Aviation, en hausse de 4,38%, en a aussi bénéficié. Le gain a été plus limité pour Safran (+0,75%). En Allemagne, Rheinmetall a bondi de près de 6%, outre-Manche, BAE Systems s’est adjugé 4,7%, l’Italien Leonardo a gagné 4,79% et le Suédois Saab s’est envolé de 9,07%.

Quels que soient les développements du conflit au Proche-Orient, cette nouvelle tragédie un an et demi après le début de l’offensive russe en Ukraine confirme le regain des incertitudes géopolitiques et le retour de la force armée dans les relations inter-étatiques. De quoi augmenter durablement les dépenses globales en armements et technologies de défense. Depuis février 2022, Thales s’est envolé de 71% en Bourse et Dassault Aviation de 70%. Le spécialiste allemand du secteur, Rheinmetall a même vu son cours multiplié par 2,5 sur la période.

L’impact global sur les marchés actions dépendra, lui, des suites du conflit. «Si l’on examine l’impact de ces conflits géopolitiques - qui vont des coups d’Etat, assassinats aux événements terroristes, en passant par les guerres transfrontalières entre États-nations - sur l’indice S&P 500 depuis 1940, on constate que, dans l’ensemble, l’impact initial de ces événements est modeste et qu’il se dissipe rapidement», analyse Norman Villamin, stratégiste en chef de l’Union Bancaire Privée, dans une note. Il prévient néanmoins que si les attaques terroristes «domestiques» ont généralement un impact temporaire, des conflits prolongés ou impliquant plusieurs nations peuvent peser sur les marchés actions américains pendant au moins six mois.

Une perspective qui ne semble pas effrayer les investisseurs. A Wall Street, le S&P 500 abandonnait à peine 0,2% vers 17h45. La publication des chiffres américains de l’inflation jeudi pourrait bien avoir un impact boursier plus important que l'éclatement d’une nouvelle guerre en bordure de l’Europe.

(Avec Agefi-Dow Jones)

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