Il est trop tôt pour sortir des actions européennes

De nombreux éléments indiquent qu’il est encore stratégiquement trop tôt pour se désinvestir des actions européennes et qu’il est toujours temps d’entrer sur les petites et moyennes valeurs.
Stéphane Levy, stratégiste et responsable de l’innovation chez Chahine Capital
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Les actions européennes présentent encore un potentiel de hausse  -  Fotolia

Les indices européens ont spectaculairement rebondi depuis la fin octobre. Cette hausse d’environ 20%, aussi bien sur les grandes valeurs que sur les plus petites, est la conséquence logique de l’alignement vertueux des planètes que nous avions identifié à l’automne dernier. La question qui se pose maintenant est celle de la pérennité de ce rallye boursier. Afin d’y répondre, appuyons-nous sur les principaux enseignements que l’on extrait de notre habituelle analyse du marché en quatre piliers complémentaires.

Pilier Momentum économique

Ce dernier continue de se redresser selon nos indicateurs propriétaires, et laisse entrevoir une inflexion haussière de la croissance économique européenne en 2025. Projection que ne contredit pas, bien au contraire, le consensus des économistes qui table sur une croissance du PIB de +1,3% en 2025 en zone euro (vs +0.5% en 2023 et 2024). Toutefois, la normalisation haussière des indices est peut-être allée un peu vite. Près de 75% de notre objectif annuel a ainsi été réalisé en seulement un trimestre, et il ne serait pas surprenant que les indices évoluent de manière plus neutre lors des prochains mois. Ce constat ne s’applique pas au segment des small et mid caps qui, dans un tel contexte, n’a pas progressé au même rythme que lors des précédents historiques. Il serait donc logique que le segment des small et mid poursuivre sa marche en avant dans les prochains mois et surperforme un marché moins directionnel.

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Pilier 2 Politiques monétaires

La situation s’éclaircit pour la BCE. L’inflation s’approche de la cible à +2,0% (+2,4% en zone Euro, +2,2% en Allemagne, +1,3% en Italie). Il n’y a, dans ce contexte, aucune raison pour que Christine Lagarde ne baisse pas les taux directeurs en juin, d’autant plus que les dettes publiques ont sensiblement progressé depuis quatre ans. La probabilité d’une baisse de taux en juin de -0,25% s’élève en zone euro à 92% si l’on se fie à la forme de la courbe des taux. Elle pourrait de surcroît, et ce n’est pas si fréquent, baisser les taux avant la Fed ; la probabilité d’une baisse des taux en juin étant tombée presque à zéro après la publication de chiffres d’inflation le 10 avril.

Pilier 3 Valorisations

L’inconvénient des marchés qui montent est que cela dégrade les valorisations. Toutefois, la sous-évaluation était si manifeste que nous n’observons (pour l’instant) aucun excès. Le marché européen vient seulement de rejoindre sa «fair value». Le PER 12 mois prospectif de l’indice Stoxx Europe 600 s’établit à 14x, la moyenne historique depuis 2000. La prime de risque s’élève à +4,8%, très proche, là encore, de la moyenne de 5%. Ces constats pourraient justifier d’une pause, mais en aucun cas d’un retournement en profondeur de la tendance dans les prochains mois. Par ailleurs, la croissance des bénéfices attendue en 2025 est de +10%, ce qui signifie que l’effet temps est favorable. Si les indices devaient évoluer horizontalement pendant quelques mois, cela engendrerait une baisse des multiples et un rechargement du potentiel de hausse. Par ailleurs, il ne serait pas étonnant de voir cette année les indices se renchérir au-delà de leur moyenne historique si le scénario central monétaire devait se réaliser.

La situation est tout autre pour les small caps, qui se valorisent avec un PER 13,2x vs 14,7x en moyenne historique. Le potentiel de «re-rating» est donc de l’ordre de +11,5% afin d’atteindre la normalisation fondamentale que les grandes valeurs ont déjà retrouvée.

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Pilier4 Dynamique de marché

La hausse a été telle que certains indices «large caps» se trouvent en situation de «surachat». Par ailleurs, la saisonnalité deviendra prochainement moins porteuse. Une saine respiration pourrait donc se mettre en place. Toutefois de nombreux supports séculaires (entre 5% et 10% plus bas) se tiennent prêts à soutenir les indices en cas de correction. Il est par ailleurs important de mentionner que les indices petites et moyennes valeurs ont validé des deux côtés de l’Atlantique des configurations graphiques haussières qui pourraient les porter vers les sommets historiques de 2021, situés entre +15% et +20% au-dessus des niveaux actuels.

Conclusion :

La tentation de rester à l’écart ou de vendre est légitime après un tel rallye. Toutefois, de nombreux éléments nous amènent à penser qu’il est encore stratégiquement trop tôt pour se désinvestir, l’heure est plutôt au rattrapage, et à l’exposition tactique au segment des petites et moyennes valeurs.

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