« Il est logique de jouer l’écartement des spreads en zone euro »

La parole à... Jean-Christophe Machado, stratégiste taux et dérivés chez Natixis
Alexandre Garabedian

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Jean-Christophe Machado, stratégiste taux et dérivés chez Natixis

L’évolution des programmes d’achats d’actifs de la Banque centrale européenne (BCE) après mars 2022 peut-elle être l’occasion de verdir le bilan de la banque centrale ?

La BCE acquiert déjà aujourd’hui des obligations vertes dans le cadre de ses programmes d’achats d’actifs. Le marché des dettes souveraines green est encore petit. Il est probable que la BCE détient déjà une part significative de ces souches, sachant que cette part doit être plafonnée à 33 % au sein de l’asset purchase programme (APP), son programme « ordinaire ». Elle n’a donc pas intérêt à cibler davantage ses achats d’actifs publics (PSPP) sur les emprunts d’Etat verts, au risque d’assécher ce marché.

En revanche, changer les règles des achats des dettes corporate (CSPP) permettrait de pousser au verdissement de l’économie. La BCE a déjà indiqué qu’elle pourrait intégrer un critère de transparence sur l’impact climatique pour évaluer l’éligibilité des dettes à ses programmes d’achats et de prise en pension, avec un plan détaillé attendu pour 2022. L’impact climat du CSPP sera communiqué pour la première fois en 2023. On pourrait aussi envisager que la BCE intègre un critère vert dans ses opérations de refinancement à long terme (TLTRO) des banques, sur le stock de crédit éligible, si ces opérations sont renouvelées.

La diminution du volume d’achats rend-elle inéluctable une hausse des spreads souverains en zone euro dès la réunion de politique monétaire du 16 décembre ?

Nous estimons que l’arrêt du programme d’achats d’urgence pandémique (PEPP), fin mars, s’accompagnera d’une hausse de 20 à 40 milliards d’euros des achats mensuels de l’APP pour éviter un impact trop brutal. La BCE voudra aussi rassurer le marché sur la flexibilité de ses outils. Malgré tout, à ces niveaux, la France et l’Italie redeviendraient l’an prochain émetteurs nets de dette, après remboursement des tombées et prise en compte des achats de la banque centrale. Il serait donc logique de jouer l’écartement des spreads dès maintenant, comme on l’a vu sur le BTP-Bund entre l’Italie et l’Allemagne. Mais les marchés auront sans doute du mal à se mettre à la vente d’ici à la clôture de fin 2021 : les tensions observées sur le marché du repo montrent que tout le monde est à la recherche d’emprunts d’Etat.

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