
Fiona Scott Morton renonce à briguer un poste clé à l’antitrust européen

Face à la polémique, Fiona Scott Morton a finalement battu en retraite. L’économiste américaine a renoncé à briguer un poste clé au sein de la direction générale de la Concurrence, à Bruxelles. «Fiona Scott Morton m’a informée de sa décision de ne pas accepter le poste d'économiste en chef de la concurrence. Je l’accepte avec regret», a souligné la commissaire européenne Margrethe Vestager dans un tweet.
«Etant donné la controverse politique que cela a soulevé en raison de la sélection d’une candidate non européenne pour occuper ce poste, et de l’importance pour la direction générale de bénéficier du plein soutien de l’UE dans la mise en œuvre, j’ai estimé que le mieux pour moi était de me rétracter», explique l’économiste dans sa lettre, publiée mercredi matin par Margrethe Vestager sur son compte Twitter.
Professor Fiona Scott Morton has informed me of her decision to not take up the post as Chief Competition Economist. I accept this with regret and hope that she will continue to use her extraordinary skill-set to push for strong competition enforcement https://t.co/8WSmWYc4LV pic.twitter.com/W3Zb34in7N
— Margrethe Vestager (@vestager) July 19, 2023
La nomination de cette ancienne de l’administration Obama, à un poste clé, où elle aurait été notamment chargée de la régulation des géants de la tech, a suscité une vaste polémique, depuis son annonce mardi dernier.
Outre sa nationalité - les institutions communautaires sont censées embaucher des ressortissants de l’UE - son parcours professionnel a été vivement critiqué : elle a auparavant travaillé comme consultante pour des sociétés technologiques américaines, comme Amazon, Microsoft et Apple, puis pour la division antitrust du département de la justice américain.
Cette annonce survenait aussi dans un contexte sensible, où l’Europe cherche à défendre sa souveraineté numérique face aux Etats-Unis, avec pour marqueurs les législations sur les marchés numériques (Digital Markets Act, DMA) et sur les services numériques (Digital Services Act, DSA).
Le gouvernement français avait demandé, le 13 juillet dernier, l’annulation de ce recrutement. Et Emmanuel Macron avait exprimé ce mardi 18 juillet ses doutes sur ce recrutement, lors d’une déclaration faite à Bruxelles, en marge d’un sommet avec les pays d’Amérique latine. Il avait souligné l’absence de «réciprocité» de la part des États-Unis et de la Chine pour nommer des Européens qui seraient «au cœur de (leurs) décisions».
Cette annonce avait aussi ému les parlementaires européens : les chefs des groupes PPE (droite), S&D (sociaux-démocrates), Renew (centristes et libéraux) et Verts avaient écrit à la Commission pour lui demander «d’annuler cette décision», rejoints par l’organisation patronale française, le Medef.
Conflits d’intérêts
Mardi soir, Margrethe Vestager avait défendu sa candidate, pied à pied, devant un feu roulant de questions des parlementaires européens, lors d’une session diffusée en ligne. «Je pense que c’est une bonne chose de venir avec de l’expérience, elle connaît notre système à fond », avait-elle déclaré, indiquant avoir reçu onze candidatures dont quatre répondaient aux critères.
Plus que sa nationalité, c’est bien le sujet des conflits d’intérêts liés aux activités précédentes de lobbying de Fiona Scott Morton qui était sur la table : interrogée à plusieurs reprises sur cela par les parlementaires mardi, la commissaire avait assuré que des procédures ont été mises en place par le passé, et qu’une liste de conflits d’intérêts – qui resterait «confidentielle» - était en train d'être établie.
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