
Ebranlé par les scandales, Orpea supprime son dividende et se refinance

L’exploitant de maisons de retraite Orpea a annoncé vendredi qu’il ne verserait pas de dividende cette année et qu’il comptait se refinancer à hauteur de 3,2 milliards d’euros, en raison d’importantes charges exceptionnelles liées à la gestion de la crise qui secoue le groupe.
Après avoir perdu jusqu'à 8% en début de séance, le titre Orpea progressait de 2%, à 34,5 euros, en début d’après midi. «Il n’y a rien dans les annonces du jour qui n'était pas anticipé par le marché», observe un analyste basé à Paris.
Depuis janvier dernier, Orpea se trouve dans la tourmente après les accusations du livre-enquête «Les Fossoyeurs» qui met en cause les pratiques de l’entreprise. Ces révélations avaient notamment poussé le groupe à limoger son directeur général, Yves Le Masne, et à nommer le président du conseil d’administration, Philippe Charrier, au poste de PDG.
A la suite d’une enquête administrative diligentée par l’Etat ayant révélé de graves dysfonctionnements dans la gestion des établissements du groupe puis d’un signalement adressé par le gouvernement au parquet de Nanterre, une enquête judiciaire est en cours.
Pas de coupon
«Dans ce contexte exceptionnel, le conseil d’administration ne proposera pas à la prochaine assemblée générale le paiement d’un dividende au titre de l’exercice 2021», a indiqué Orpea dans un communiqué. L’an dernier, au titre de l’exercice 2020, la société avait versé à ses actionnaires un dividende de 0,90 euro par action.
Face aux coûts liés à la gestion de sa crise interne et à des enjeux de financement majeurs en raison des investissements engagés pour le développement de son parc immobilier et d’importantes échéances de dette, Orpea a également annoncé jeudi la conclusion d’un accord de principe avec ses principaux partenaires bancaires. «Cet accord avec les banques répond au contexte actuel d’incertitudes qui pèse sur Orpea ainsi qu'à un accès fermé aux marchés financiers et au ralentissement du programme de cessions d’actifs initialement envisagé», a indiqué la société.
L’accord de principe s’inscrit dans le cadre d’une procédure amiable de conciliation, ouverte par ordonnance auprès du président du tribunal de commerce spécialisé de Nanterre, en date du 20 avril 2022. «Sa mise en oeuvre sera conditionnée à la signature d’un protocole de conciliation et à son homologation, attendue pour mi-juin, qui sera sollicitée auprès du dit tribunal de commerce», a toutefois prévenu Orpea.
Cet accord prévoit notamment l’apport de nouveaux financements par les banques via un crédit-syndiqué sécurisé d’un montant de 1,73 milliard d’euros et la mise en place d’un prêt à terme optionnel syndiqué jusqu'à un montant maximum de 1,5 milliard d’euros.
Les résultats 2021 lestés par les dépréciations
Orpea s’engage, par ailleurs, à effectuer une revue stratégique de ses actifs, sous l'égide de la nouvelle direction générale, afin de se désendetter progressivement. Début mai, le groupe avait annoncé avoir nommé Laurent Guillot au poste de directeur général. Le dirigeant prendra ses fonctions le 1er juillet prochain.
Au 31 décembre 2021, la dette financière nette d’Orpea s'établissait à 7,89 milliards d’euros, soit une augmentation de 1,23 milliard d’euros en un an, du fait d’une politique soutenue de développement immobilier et de croissance externe menée au cours de la période.
Orpea a réalisé ces annonces à l’occasion de la publication d’un résultat net, part du groupe, de 65,2 millions d’euros au titre de l’exercice 2021, en baisse marquée de 59,3%. Cet indicateur intègre 83 millions d’euros de provisions pour risques et charges relatives aux risques estimés au titre des années 2017-2021, à la suite des inspections administratives dont le groupe a fait l’objet en France. Il comprend également 48 millions d’euros de charges liées à des dépréciations de valeurs d’actifs.
L’an passé, le chiffre d’affaires s’est amélioré de 9,6%, à 4,3 milliards d’euros, affichant une croissance de 5,5% en données organiques. Au cours du premier trimestre de cette année, les revenus d’Orpea sont ressortis à 1,12 milliard d’euros, en progression de 9% en données publiées et de 5% en données organiques.
Pour l’ensemble de l’exercice en cours, Orpea se déclare «confiant sur la dynamique de croissance de son chiffre d’affaires», «qui devrait continuer à bénéficier de nombreuses ouvertures de nouveaux sites et d’une activité orientée favorablement à l’international et dans les cliniques en France».
En revanche, la rentabilité opérationnelle du groupe sera affectée cette année par l’environnement inflationniste défavorable, impactant plus spécifiquement les coûts de l'énergie et les salaires dans certains pays.
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