
Des primes de terme faibles compliquent l’évaluation du risque de récession

Le rapport trimestriel de la Banque des règlements internationaux (BRI) revient sur l’inversion de la courbe des taux, et plus généralement sur différents éléments du «shadow banking» qui compliquent la lecture actuelle des marchés financiers. Tensions commerciales et politiques monétaires ont dominé l’évolution des derniers mois, avec des effets précisément inverses sur le prix des actifs risqués - plutôt orientés à la baisse quand même. Face aux incertitudes, les banquiers centraux procèdent à des assouplissements préventifs, sans pour autant relancer l’inflation, et les rendements des obligations souveraines (et corporates) continuent à baisser un peu partout pour atteindre un record de plus de 17.000 milliards de dollars en taux négatifs, «une situation impensable avant», remarque Claudio Borio, chef du département monétaire et économique de la BRI.
Avec le ralentissement économique, les marchés ont reporté leur attention sur l’inversion de la courbe des taux, habituel indicateur d’une récession aux Etats-Unis quand les investisseurs anticipent un effet plus fort sur moyen que sur court terme de la politique monétaire… Cependant, les taux longs reflètent également les primes de terme, et peuvent être affectés par des déséquilibres entre offre et demande : l’inversion récente de la courbe a coïncidé avec des primes de terme exceptionnellement faibles sur le marché américain, sous la pression d’acheteurs insensibles aux prix tels que la banque centrale et les fonds de pension. «En outre, la combinaison actuelle d’une prime de terme négative et d’un assouplissement de la politique monétaire est inhabituelle, notent les économistes de la BRI : dans le passé, lorsque la courbe des rendements s’inversait, la politique monétaire se resserrait.»
La littérature a aussi identifié d’autres indicateurs d’une potentielle récession imminente, liés tant aux risques de crédit qu’aux risques de taux et à l’avancée dans le cycle : «Bien que la prime de terme soit nettement inférieure aux niveaux typiques d’avant la crise, les anticipations de taux sont actuellement bien supérieures. Les autres indicateurs ne permettent pas non plus de dégager un consensus clair sur le risque de récession», poursuit le rapport. Cela dit, l’institution note la fragilité de la qualité de crédit des entreprises non financières, liée à la quête de rendement à tout prix, et les risques de concentration via certaines expositions directes et indirectes sur les titrisations et d’autres segments du «shadow banking».
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