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Des dynamiques sectorielles intelligibles, signe d’une visibilité retrouvée

Le cycle d’expansion boursier dans lequel nous évoluons a pris racine il y a un an, au moment même où la communauté des investisseurs a pris conscience de l’imminence d’un pivot monétaire accommodant par les banques centrales, et ce en raison d’une trajectoire inflationniste convergeant rapidement vers la cible de 2%.
Un an après, les choses ont évolué fidèlement aux anticipations. L’inflation européenne vient de franchir à la baisse le niveau cible de 2% pour la première fois depuis juin 2021, à +1,8% pour la première estimation de l’inflation zone euro en septembre. La Banque centrale européenne a commencé son cycle de baisse de taux en juin dernier, la Réserve fédérale américaine lui emboîtant le pas en septembre. Ces douze derniers mois marquent donc le retour en grâce d’une certaine visibilité. Un scénario central macroéconomique intelligible se déploie, sans chocs à même de le remettre en cause à ce stade. Cela tranche singulièrement avec la période 2020-2023 perturbée par de nombreux événements exogènes de natures sanitaires, monétaires ou géopolitiques. Période durant laquelle la visibilité était donc absente et l’incertitude à son zénith.
Il est donc intéressant d’observer dans ce contexte assaini le comportement des différents segments sectoriels et stylistiques composant le marché européen des actions. La matrice de momentum des secteurs européens permet d’identifier quelles sont les dynamiques comportementales des différentes composantes de la cote européenne depuis douze mois.

Elle consiste à positionner les différents secteurs qui composent le marché des actions en fonction des deux dernières périodes de six mois que nous venons de traverser.
Les financières sont les «stars» du moment
Les secteurs «stars» sont ceux qui, depuis douze mois, surperforment régulièrement. Ce sont les secteurs qui ont été capables de battre l’indice européen lors des deux dernières périodes de six mois.
On retrouve essentiellement les trois secteurs financiers (banques, assurances et services financiers). Ces secteurs, ont bénéficié de la pentification de la courbe des taux, ou plutôt de la «désinversion» de la courbe, conséquence de la baisse des taux courts. Par ailleurs, les secteurs financiers sont de nature procycliques en relatif et ont été soutenus par un bon momentum économique européen. Rappelons qu’une inflexion haussière de la croissance économique est attendue en 2025 (croissance du PIB zone euro : +1,3% en 2025 vs +0,7% en 2024, selon le consensus Bloomberg). Notons également la présence dans ce cadran du secteur immobilier. La forte sensibilité de ce secteur à la politique monétaire l’a porté depuis un an pour le hisser en tête du palmarès sectoriel (avec les banques) sur cette période.
Les secteurs sensibles à la politique monétaire font leur « recovery »
Le cadran des secteurs en «recovery» regroupe les secteurs qui viennent depuis six mois de surperformer alors qu’ils étaient sous-performants il y a six mois. Ce cadran regroupe donc les secteurs qui comportementalement sont en redressement. On retrouve, là encore assez logiquement, des secteurs favorisés par la baisse des taux des banques centrales. Les télécoms et les utilities entrent dans ce cadre. Le secteur minier, quant à lui, s’immisce depuis peu dans ce cadran en raison de son fort lien avec l’économie chinoise. Les puissantes mesures de soutien annoncées en septembre en Chine ont donc bien aidé.
Les secteurs défensifs sont à la traîne
Le cadran des «losers» réunit ceux qui affichent une sous--performance lors des deux dernières périodes de six mois. Il réunit essentiellement des secteurs défensifs à faible «beta» (agroalimentaire, biens de consommation et énergie). Un constat normal, dans un marché haussier et un contexte plutôt procyclique. Par ailleurs, la baisse des taux s’est essentiellement concentrée sur la partie courte de la courbe, et beaucoup moins sur la partie longue. Elle n’a donc pas soutenu en relatif le segment des «proxy-bonds» (quasi-obligation) traditionnellement surperformantes quand les taux longs se détendent. A titre d’illustration, le taux 10 ans allemand est exactement au même niveau qu’en début d’année.
L’automobile est attaquée
Enfin, le cadran des secteurs en déclin, regroupe les secteurs qui étaient surperformants il y a six mois mais qui ont sous-performé lors des six derniers mois. On y retrouve des secteurs de croissance comme les «voyages et loisirs» ou la technologie, mais aussi le secteur automobile qui a récemment pâti de plusieurs avertissements sur résultats.
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