
Dans sa lutte contre la fragmentation, la BCE pourrait opter pour un retrait de liquidités

La Banque centrale européenne (BCE) va probablement retirer des liquidités du système bancaire pour compenser l’impact d'éventuels achats d’obligations visant à prévenir une envolée des coûts de financement des pays les plus endettés de la zone euro, a appris Reuters de deux sources.
Les rendements des obligations d’Etat de plusieurs pays, dont l’Italie, ont fortement augmenté depuis que la BCE a annoncé l’arrêt de ses achats de titres sur les marchés et son intention de commencer dès juillet à relever ses taux d’intérêt.
Ces turbulences ont contraint l’institution à accélérer les travaux sur l'élaboration d’un nouveau dispositif d’achats d’emprunts visant à plafonner la hausse des rendements.
Mais cela la place dans une situation paradoxale puisqu’elle devra orchestrer une hausse générale du coût du crédit tout en veillant à limiter son impact sur les taux auxquels se financeront les pays membres les plus en difficulté.
La troisième option
Pour éviter une telle contradiction, la BCE disposerait de trois options pour compenser l’achat d’obligations périphériques, notamment italiennes :
- vendre des obligations coeur (allemandes par exemples) ;
- émettre des certificats de dépôts ;
- absorber la liquidité en offrant un taux de dépôt supérieur.
Selon Reuters, la BCE envisage d’opter pour la troisième de ces solutions. Elle accompagnerait alors ses futurs achats d’obligations d’opérations permettant aux banques de déposer des liquidités auprès de la BCE en échange d’un taux d’intérêt supérieur au taux de la facilité de dépôt, ont expliqué à l’agence de presse deux personnes directement informées du projet.
Cela permettrait à la BCE de «stériliser» les achats d’obligations du nouveau dispositif en recourant à une méthode dite d'«absorption de liquidités» déjà mise à l’oeuvre il y a une dizaine d’années. À l'époque, le taux d’intérêt offert aux banques pouvait correspondre au taux de refinancement, alors fixé à 0,25%.
Une porte-parole de la BCE s’est refusée à commenter ces informations.
Les liquidités excédentaires dans le système bancaire de la zone euro atteignent aujourd’hui quelque 4.480 milliards d’euros, résultat des multiples mesures de soutien des dernières années visant à soutenir le crédit et l’activité économique.
La solution envisagée pour en siphonner une partie serait plus pratique que la vente d’obligations de pays bénéficiant de taux d’emprunt faibles, comme l’Allemagne, qui se solderait par des pertes pour les banques centrales nationales concernées.
Le gouverneur de la Banque d’Italie, Ignazio Visco, avait fait allusion à un tel dispositif au début du mois en déclarant que la BCE n’aurait pas besoin de vendre des obligations pour stériliser ses achats et qu’elle pourrait utiliser les taux d’intérêt pour y parvenir.
Les modalités du nouveau dispositif doivent être présentées lors de la prochaine réunion de politique monétaire du Conseil des gouverneurs, le 21 juillet.
Plus d'articles du même thème
-
EXCLUSIF
Les gestionnaires de taux contiennent leur panique
Les prévisionnistes de L’Agefi tendent à ajouter une baisse de taux à six mois tout en diminuant leurs prévisions pour les taux longs aux Etats-Unis et en augmentant celles sur la zone euro. -
L'activité de la zone euro a été un peu meilleure que prévu en mars
Les PMI pour la zone monétaire ont été révisés à la hausse au titre du mois dernier, tirés notamment par l'Allemagne et la France. -
La désinflation se poursuit en zone euro
La diminution de la hausse des prix dans les services et une convergence plus générale entre les pays apparaissent comme un nouvel encouragement en faveur d’une septième baisse des taux de la Banque centrale européenne en avril.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions