
Chine, le rappel à l’ordre

Un conglomérat dont les autorités viennent de signer l’arrêt de mort ; un autre, Geely, qui fait une entrée pétaradante au capital du constructeur allemand Daimler ; un président décidé à rester au pouvoir ad vitam aeternam pour modeler à sa façon l’économie du pays : l’actualité des derniers jours nous montre tout ce que le capitalisme chinois peut offrir à la fois de meilleur et de pire. Elle rappelle surtout aux pays occidentaux que leur doctrine en matière d’investissements venus de Chine gagnerait à se préciser. Demandez aux Néerlandais, qui se sont empressés il y a trois ans de vendre à Anbang l’un de leurs assureurs, Vivat. Ce dernier faisait partie à l’époque de la banque SNS Reaal, que les Pays-Bas avaient nationalisée peu de temps auparavant avec pertes et fracas. Le gouvernement de La Haye était bien heureux de trouver une poche profonde et privée prête à renflouer massivement la compagnie, fût-ce au prix d’une coupable indulgence quant à l’opacité du repreneur.
En annonçant la mise sous tutelle et le probable démantèlement d’Anbang, les autorités chinoises n’ont pas eu ces pudeurs, même si l’on pourrait leur reprocher d’avoir tardé à intervenir. Devenu en quelques années le deuxième assureur du pays, le groupe symbolise tous les excès de la finance locale et d’une expansion internationale bâtie à coups d’effets de levier. Sa croissance échevelée eût été impossible sans un autre élément clé de l’écosystème chinois, les connexions politiques de son fondateur. C’est parce qu’il menaçait à terme de ruiner des millions d’épargnants et de se muer en nouvel AIG qu’Anbang s’est attiré les foudres du pouvoir en place, là où d’autres conglomérats comme HNA et Wanda écopent pour le moment de simples réprimandes et sont fermement incités à céder des actifs.
La remise au pas de ces géants ayant grandi trop vite ne durera qu’un temps. Les entreprises les mieux en cour et les plus saines sont déjà reparties sur le sentier des acquisitions, dont on voit bien qu’elles correspondent à une stratégie étatique. Ce mouvement n’a rien de critiquable en soi. Encore faut-il que l’Occident ait le sentiment de jouir des mêmes garanties de réciprocité. C’est évidemment loin d’être le cas. Ni l’ouverture toujours repoussée de pans entiers de l’économie chinoise, ni la présidence à vie que brigue aujourd’hui le tout-puissant Xi Jinping ne laissent espérer de la part de Pékin un meilleur accord entre les promesses et les actes. La France et l’Europe s’interrogent sur leur dispositif de contrôle des investissements étrangers ? Plutôt que d’allonger encore la liste des secteurs stratégiques, appellation vague qui autorise toutes les accusations de protectionnisme, c’est l’occasion rêvée de fixer des standards minimums en matière de sécurité des données ou de transparence, pour le bénéfice mutuel des parties concernées.
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