
Chanel est en retard sur ses engagements climat

L’objectif a beau être intermédiaire, et ne pas porter à conséquence, Chanel est l’un des premiers émetteurs d’obligations liées à la performance environnementale de l’entreprise (sustainability-linked-bonds, SLB) à manquer l’un de ces rendez-vous.
L’entreprise de luxe n’a pas atteint sa cible d’électricité renouvelable en 2021, peut-on lire dans son rapport de performance. Au lieu des 97% assignés dans son document d’émission obligataire, l’électricité utilisée était à 92% renouvelable (41% en 2018), indique le rapport climat pour 2021. «Le déploiement de solutions d’électricité renouvelable sur une grande variété de marchés mondiaux est une tâche complexe», souligne la société qui a expliqué à Bloomberg que compte tenu des «conditions sur certains marchés, dont la Corée du Sud, il a fallu plus de temps que prévu pour trouver la bonne solution pour passer à l'électricité renouvelable». Chanel, qui rappelle que cet objectif est un élément clé de son plan Chanel Mission 1,5°, se dit confiant dans son objectif de 100% en 2025.
Aucun frais pour le moment
Pour le groupe de luxe, qui a émis il y a deux ans 600 millions d’euros d’obligations SLB sur deux tranches, ce retard est pour le moment sans frais. Dans le cadre de ces opérations, l’entreprise émettrice définit des indicateurs de performance (KPI) et des objectifs à atteindre (SPT). Et si cette cible n’est pas atteinte, elle est pénalisée par une augmentation du coupon.
Des deux obligations émises, chacune d’un montant de 300 millions d’euros, l’une, à échéance juillet 2026, repose sur l’objectif d’électricité renouvelable. S’il n’est pas atteint en 2025, les détenteurs des obligations recevront une «prime» de 50 points de base (pb) sur un coupon de 0,5%, mais uniquement sur la dernière année de vie de l’obligation. L’autre souche, à échéance juillet 2031, repose sur des objectifs de réduction d’émission de CO2 sur les scope 1 et 2 et le scope 3. Dans ce dernier cas, l’entreprise a pris du retard alors que ses émissions ont augmenté en 2021 par rapport à 2018. L’effort est désormais de 13% par rapport à une réduction absolue de 10%. Là encore, la pénalité, de 75 pb, ne serait appliquée que la dernière année de l’obligation.
Le montant émis en SLB a plus que quadruplé en 2021et représente près de 30% de l’ensemble des émissions ESG sur le marché euro, dépassant 40 milliards d’euros. Ce, malgré les craintes de greenwashing des investisseurs compte tenu d’objectifs jugés peu ambitieuxvoire faciles à atteindre et d’un système de pénalité peu incitatif.
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