
Ce danger qui guette les marchés actions

Nous sommes en janvier 2000. Ceux qui ont traversé la dernière grande bulle boursière, à l’époque où un simple suffixe, « dotcom », transformait une source tarie en fontaine miraculeuse, connaissent bien cette sensation. Une partie du marché actions défie les lois de la finance et de la gravité. De Reddit à TikTok Finance, les forums de discussion s’enflamment, les particuliers redécouvrent les joies des plus-values faciles, de l’effet de levier et des options d’achat. Privés de loisirs par la pandémie, ils n’ont plus que le grand casino du trading pour frissonner. Elon Musk s’entiche d’un service de messagerie ? Une obscure valeur homonyme voit aussitôt son prix décuplé. Les vendeurs à découvert assaillent GameStop, une enseigne bien connue des gamers ? La coalition des petits porteurs organise la contre-attaque et prend à leur propre piège les fonds d’arbitrage, dans une inversion inédite du rapport de force entre investisseurs avertis et néophytes. Comme toute légende dorée, celle-ci a ses saints. Le gourou du moment s’appelle Catherine Wood, fondatrice d’Ark, un gestionnaire de fonds indiciels cotés qui a parié avant les autres sur le succès de Tesla et dont la collecte, ces dernières semaines, dépasse celle du leader mondial iShares.
Et pourtant nous ne sommes pas en janvier 2000. L’exubérance irrationnelle est circonscrite aux valeurs technologiques du Nasdaq et à des entreprises qui végétaient dans l’anonymat de la cote américaine, un univers si peu liquide qu’un afflux d’ordres suffit à faire exploser les cours. Sur d’autres critères, comme les multiples de bénéfices attendus, ajustés dans la durée, les marchés actions paraissent chers, mais sans atteindre des niveaux délirants. A la différence de la bulle internet, les rendements obligataires sont bien plus faibles, tassés par les injections massives de liquidités des banques centrales.
C’est cette situation qui justifie le report moutonnier vers les actions. Et c’est du marché obligataire que viendrait la menace pour les Bourses, si les rendements remontaient pour de mauvaises raisons. Les investisseurs s’interrogent déjà, en ce début d’année, sur une éventuelle réduction du rythme de rachats d’actifs de la Fed, que ni les perspectives d’inflation ni la situation sanitaire ne justifient. Ils gardent en mémoire le cuisant épisode du « taper tantrum » de 2013, quand Ben Bernanke, alors président de la Réserve fédérale américaine, avait provoqué un accès de panique en annonçant le retrait de son programme d’assouplissement quantitatif. Aujourd’hui plus qu’hier, les valorisations boursières sont suspendues aux lèvres des banquiers centraux. A la merci de la plus petite erreur de communication.
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