Captage du carbone, l’heure du passage à l'échelle

Le marché du captage et du stockage de CO2 se structure et décolle enfin selon Dominique Patry, directrice greentech et énergie, EY Fabernovel.
EY Fabernovel
usines qui fument
Une tribune de Dominique Patry, directrice greentech et énergie, EY Fabernovel  -  Pixabay

Depuis les années 1970, le développement d’infrastructures physiques capables de capter le CO2«à la source” et de le stocker, réduisant significativement la quantité de CO2 réellement émise dans notre atmosphère se heurtait à un frein majeur : leurs coûts, et donc leurs retours sur investissement. Le carbone n’a trouvé de valeur sur le marché qu'à partir des années 2000 et la création de mécanismes comme l’European Trading System, mais a toujours été sous-coté à tel point qu’il coûtait beaucoup moins cher (environ 70%) de payer pour polluer plutôt que d’investir pour ne pas polluer.

Toutefois, depuis 2022 avec l’envolée des prix du CO2 d’un côté, la réduction des coûts des projets de captage et de stockage de l’autre, et en soutien à de nouvelles politiques publiques et réglementaires incitatives, le marché a progressé de façon exponentielle.

En complément d’une baisse des émissions

Bien sûr, ce n’est pas la panacée, ni un substitut aux efforts à moyen et long terme de décarbonation. Si le stockage nécessite d’extrêmes précautions pour éviter les externalités environnementales négatives, telles le risque de fuite, sur des cycles de plusieurs centaines d’années pour que le carbone capté se solidifie progressivement, ces technologies sont des alliés complémentaires et efficaces à la baisse à court terme des émissions de carbone dans l’atmosphère. Cependant, pour les entreprises qui veulent sortir de la logique du droit de polluer, et des systèmes de compensation “financière” non réels, l’investissement dans des projets de captage et de stockage de CO2 est une opportunité qu’elles se doivent d’évaluer rapidement. Le consensus scientifique est désormais clair : ces technologies aujourd’hui matures doivent venir en complément d’une véritable stratégie de réduction des émissions.

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21 milliards d’euros en 2027

Évaluée à environ 9 milliards d’euros, l’industrie du captage de carbone pourrait atteindre une valeur de 20,9 milliards d’euros en 2027 selon les estimations de Pitchbook, une entreprise d’analyse de données financières. Les start-up ont levé 3 milliards de dollars en 2022, et déjà 700 millions sur la première moitié de l’année 2023, principalement utilisés à l’innovation pour une meilleure efficacité et pour la baisse des coûts, des éléments essentiels pour sa soutenabilité. Le CCUS, c’est aujourd’hui 45 millions de tonnes de CO2 captés par an par les 40 sites opérationnels dans le monde, et leur multiplication devrait permettre de dépasser les 350 millions de tonnes à horizon 2030. Cela représente une multiplication par huit, qui bien qu’impressionnante, reste encore en deçà des objectifs fixés par l’Agence internationale de l’énergie pour le CCUS dans le scénario de neutralité carbone 2050, à savoir entre 1 et 1,2 milliard de tonnes de CO2 par an d’ici 2030.

Opportunité d’investissement

L’alignement des technologies CCUS (qui évoluent depuis les années 70), de l’accélération des politiques publiques vers la décarbonation de nos industries - la France vient de révéler son plan captage - et de la mise en place de stratégies d’entreprise plus vertueuses et soutenables envers toutes les parties prenantes, des consommateurs aux industriels, permettra aux investisseurs de trouver un ROI solide et de contribuer à l’effort. Comme on dit dans le milieu : “buy!”.

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