Cacao : la flambée va-t-elle se prolonger toute l’année ?

Les cours de cette matière première sont soutenus par une production en déficit et une demande qui reste forte. Une inflexion des prix dans les prochains mois reste possible.
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La Côte d’Ivoire et le Ghana représentent respectivement 54% et 18% de la production mondiale de cacao  - 

Depuis novembre dernier, les cours du cacao ont affiché une hausse quasi ininterrompue, atteignant, fin juin, des plus hauts inédits depuis plus de sept ans. La fève se joint aux autres denrées tropicales, telles que le sucre, le café et le jus d’orange, dans un mouvement de hausse plus tardif que celui observé dans le compartiment des céréales et des oléagineux, mais plus tenace actuellement.

Comme pour nombre de ses consœurs, les cours de cette marchandise sont probablement soutenus par des anticipations du retour d’El Niño – courant marin influençant à partir de la fin d’année et pour plusieurs mois la météorologie des continents bordant l’océan Pacifique mais aussi celle d’une vaste partie de l’Afrique. Or cette dernière est le bassin de production principal du cacao (la Côte d’Ivoire et le Ghana représentent respectivement 54% et 18% de la production mondiale actuelle selon l’International Cocoa Organisation, l’Icco). Certains parlent même d’un retour en force du phénomène El Niño, mais son intensité reste très difficile à prédire. Sans compter des intempéries et des conditions favorables au développement de maladies, qui pourraient affecter la production en 2024.

Or celle-ci est déjà fragile : la campagne actuelle (2022-2023) devrait aboutir à un déficit, comme cela a été le cas pour la précédente. Les maladies, notamment le virus de l’œdème des pousses, ont déjà frappé les cacaoyers du Ghana, et des cas de «pourriture brune» auraient été récemment signalés dans ce pays ainsi qu’en Côte d’Ivoire et au Nigeria. La filière souffre aussi depuis 2022 des répercussions de la guerre en Ukraine et des crises énergétiques associées. Les prix des fertilisants se sont envolés, avec de moindres livraisons provenant de Russie et la hausse des cours du gaz naturel, utilisé pour produire nombre d’entre eux. Ces prix ont découragé certains producteurs et affecté les rendements.

Prises de bénéfices

La demande étant restée forte jusqu’ici, la hausse des prix s’est donc poursuivie. Les prochains chiffres et indices que les grands acteurs de la filière publieront dans les semaines à venir indiqueront peut-être une certaine inflexion. Les consommateurs pourraient finir par réduire leurs achats de certains produits, notamment les confiseries, également riches en sucre, dont le cours a lui aussi beaucoup progressé. Si El Niño s’avérait moins destructeur que prévu, cela pourrait aussi apaiser en partie les tensions sur ce marché. Enfin, sans forcément attendre l’impact réel de ce phénomène, les opérateurs financiers qui ont mis en place des positions massivement acheteuses sur les marchés à terme depuis quelques mois pourraient prendre quelques profits et peser – au moins temporairement – sur les cours.

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