
Bruxelles compte moderniser la TVA sur les services financiers et d’assurance

La Commission européenne (CE) rouvre un dossier sensible. Bruxelles prévoit de présenter fin 2021 une proposition législative pour réformer les règles de TVA s’appliquant aux services financiers et d’assurances, comme l’indique une feuille de route publiée la semaine dernière. Objectif : moderniser cet ensemble de règles datant de 1977 qui ne sont plus adaptées aux nouveaux usages «tels que les services de fintech ou de cryptomonnaies». L’exécutif européen pointe en outre leur complexité qu’il estime responsable «d’incohérences» dans leur mise en application entre les différents Etats membres, «d’incertitude juridique» et de «charges administratives et réglementaires» excessives.
Une simplification de ces règles avait déjà été entreprise par la CE en 2007. Bloquée au Conseil, la proposition avait finalement été abandonnée en 2016.
Bruxelles affiche également son intention de remédier, par cette nouvelle initiative, aux implications des arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne de 2017. La CJUE avait estimé que les services financiers et les assurances n'étaient pas concernés par l’exonération de TVA accordée aux groupements de moyens, dits «groupements autonomes de personnes». La Cour avait déclaré contraire au droit communautaire la méthode largement utilisée par le secteur financier consistant à exonérer de TVA les services informatiques ou financiers rendus par leurs propres filiales. Si la décision reste dépourvue d’effet direct tant qu’elle n’est pas retranscrite dans les droits nationaux, elle faisait planer un risque de surcharge fiscale sur les secteurs financier et de l’assurance.
Face à ce risque, le projet de loi de finances de la France pour 2021 introduit en guise d’alternative la création d’un régime de groupe TVA. Prévu pour entrer en vigueur au 1er janvier 2022, il permettrait de considérer comme un assujetti unique, aux fins de la TVA, les sociétés établies en France indépendantes juridiquement, mais «étroitement liées sur le plan financier, économique et de l’organisation». Les opérations réalisées entre ces membres d’un même groupe ne seraient donc pas soumises à la TVA.
La proposition de Bruxelles s’inscrit dans le plan d’action présenté mi-juillet pour mieux lutter contre l'évasion fiscale et simplifier les procédures fiscales. La CE proposera une modification de la directive sur la TVA à l’horizon 2022-2023, dans le but d'évoluer vers un enregistrement unique «par lequel les contribuables pourront fournir des services et vendre des biens partout dans l’UE».
Plus d'articles du même thème
-
La loi de finances 2025 a laissé aux banques un sentiment aigre-doux
Par souci de justice fiscale, la loi de Finances 2025 a apporté un certain nombre de modifications dont plusieurs touchent les banques de façon directe ou indirecte. Certaines dispositions ne sont pas à l’avantage du secteur bancaire mais d’autres sont plutôt bénéfiques. Zoom sur deux exemples concrets. -
Le fisc belge abandonne le double précompte sur les dividendes français
Les investisseurs belges pourront récupérer, sous forme de crédit d’impôt, une partie du précompte sur leurs dividendes français reçus avant 2020. -
Jérémie Jeausserand (Jeausserand Audouard) « La réforme des management packages recrée de l’insécurité fiscale»
Co-fondateur de Jeausserand Audouard, spécialisé dans l’accompagnement des dirigeants et des entrepreneurs à l’occasion d’opérations capitalistiques, Jérémie Jeausserand livre son regard sur la réforme de la fiscalité des management packages issue de la loi de finances pour 2025 et sur ses éventuelles conséquences sur l’économie française.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions