
Brexit, la City pose à nouveau ses conditions

La City s’impatiente. Alors que Theresa May et son ministre du Brexit David Davis devaient rencontrer hier soir à Bruxelles le chef des négociateurs européens, Michel Barnier, et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, le lobby TheCityUK s’est fendu d’un énième document de mise au point. Sur un ton devenu pressant, l’organisme de représentation de la finance londonienne exhorte désormais le gouvernement britannique à dévoiler «rapidement», et, «de façon plus détaillée» ses objectifs durant la période de transition. L’UE est aussi invitée à y répondre «rapidement et favorablement» : «une plus grande clarté en provenance du Royaume-Uni et de l’UE au sujet d’une transition est requise au premier trimestre 2018 au plus tard, avec des progrès significatifs réalisés avant la fin 2017», peut-on lire.
Climat délétère
Ce document, qui intervient avant la tenue du Sommet européen des 19 et 20 octobre, s’intègre dans un contexte marqué par la montée en puissance de l’idée d’une absence de deal. Par la voix de leurs dirigeants, les banques américaines Goldman Sachs et JPMorgan ont ainsi confirmé être prêtes à affronter un «hard Brexit». Dans une note, les économistes de JPMorgan estiment d’ailleurs à 25%, comparé à des précédentes estimations de 15%, la possibilité d’une absence d’accord au 31 mars 2019, date effective de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.
Dans ce climat délétère, TheCityUK ne s’avoue pas pour autant vaincu : le lobby espère que le Royaume-Uni et l’UE parviendront à nouer un «engagement conjoint, clair et crédible». Idéalement, la période de transition devrait se rapprocher au plus près d’un «statu quo», avec la poursuite d’un accès mutuel et le respect des droits et des obligations inhérentes au marché unique, selon TheCityUK. La période de transition devrait être suffisamment «longue pour permettre de finaliser le nouveau cadre de relations commerciales». Le lobby ne croit pas davantage à la possibilité d’un accord de transition sur mesure par secteur : «la transition doit passer par une approche universelle», souligne l’organisme.
En l’absence de clarté, TheCityUK craint que les décisions de délocalisation des établissements financiers deviennent irréversibles. Avec un gros risque à la clé : la possibilité que certaines activités restent de façon permanente à l’extérieur du Royaume-Uni.
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