
Bolloré cale sur le marché du crédit

Après une première tentative début novembre, le danois Nykredit est parvenu à placer une obligation senior non préférée de 500 millions d’euros à 3 ans en réduisant considérablement la durée de son obligation, initialement prévue à 10 ans. La recherche de rendement par les investisseurs n’est donc pas un gage de réussite des émissions obligataires, et ce même si certains s’étonnent des prix serrés obtenus dans certaines opérations.
Bolloré a dû également reporter une émission de 500 millions d’euros à 5 ans avec un spread de 200 pb, sans toutefois pouvoir revenir, pour l’heure, sur le marché. Le prix a visiblement été jugé insuffisant. Par ailleurs, le statut d’entreprise non notée et dont les obligations ne font pas partie d’un indice n’a pas facilité l’opération dans un marché où l’offre de papier était très abondante avec des émetteurs comme Apple et Bayer qui ont attiré 10 milliards d’euros d’ordres ce jour-là. «Les investisseurs gardent sans doute en mémoire l’impact sur le cours des obligations de la mise en examen du groupe Bolloré l’an dernier», indique un gérant pour justifier cet échec. Les deux obligations en circulation avaient nettement décalé en raison de la faible liquidité des titres. Depuis elles ont retrouvé leur prix de l’époque. Dans l’environnement actuel de fin de cycle et d’augmentation de l’endettement, les investisseurs sont très sélectifs, d’autant plus si l’émetteur est «difficile à suivre».
«On note un basculement du marché», relève toutefois Vincent Marioni, directeur Europe des investissements crédit chez Allianz GI. L’aversion au risque diminue, ce qui incite les investisseurs à souscrire à des crédits «compliqués» mais offrant désormais un rendement suffisant. La semaine passée trois émetteurs risqués ont réussi leurs émissions : Teva, notamment en raison de son procès sur les opioïdes aux Etats-Unis, Jaguar Land Rover au profil opérationnel difficile, et Tap, une compagnie aérienne par définition très cyclique. La taille de l’émission réalisée par Teva a même été augmentée tandis que Jaguar LR s’est permis de créer une tranche plus longue. Les trois émetteurs ont accepté des spreads supérieurs à 600 pb. «Il y a un chiffre magique, affirme Vincent Marioni. C’est 6% de rendement. Au final, tout le monde y gagne car cela donne des liquidités et du temps à la société pour se restructurer tout en offrant un rendement suffisamment attractif pour attirer les investisseurs». Bolloré pourrait se représenter sur le marché mais il devra modifier considérablement les conditions d’émission.
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