
UniCredit renonce à son projet de scission

Cette fois, la rumeur n’a pas été confirmée. Officialisé il y a un an, après des indiscrétions de presse, le projet de scission d’UniCredit ne verra finalement pas le jour, a annoncé hier Jean-Pierre Mustier, le patron de la deuxième banque italienne. Le mois dernier, plusieurs médias lui avaient prêté la volonté d’accélérer ce virage stratégique, malgré l’opposition de certains membres du conseil d’administration.
«Grâce aux achats massifs d’obligations par la Banque centrale européenne (BCE) et aux spreads très resserrés sur les obligations souveraines (...) il n’est pas nécessaire pour nous de mettre en place la sous-holding, donc le projet reste un projet», a justifié Jean-Pierre Mustier, l’administrateur délégué d’UniCredit, en présentant des résultats supérieurs aux attentes au troisième trimestre.
Le découpage des activités du groupe en Allemagne, en Autriche et en Europe centrale et orientale visait à réduire leur exposition au bilan d’UniCredit, et donc à la dette souveraine italienne, afin d’améliorer les conditions de financement de ces activités. Pour apaiser les craintes de scission du groupe, Jean-Pierre Mustier avait précisé en novembre 2019 que la holding internationale serait immatriculée en Italie et non cotée. Il Sole 24 Ore assurait pourtant, il y a quelques semaines, qu’UniCredit songeait à introduire 49% ou 50% de la future structure à la Bourse de Francfort, comme il y a un an.
Au regard de la crise sanitaire, UniCredit a aussi choisi de concentrer ses efforts sur sa restructuration interne. Alors que la grande rivale Intesa Sanpaolo a mis la main sur UBI Banca, Jean-Pierre Mustier reste farouchement opposé à toute fusion d’envergure, en particulier avec le canard boiteux Monte Paschi di Siena (MPS) que Rome voudrait marier à UniCredit. Cette dernière vient pourtant de nommer à son conseil l’ancien ministre de l’Economie Pier Carlo Padoan, à l’origine du sauvetage de MPS et pressenti pour la présidence de la banque. Pas de quoi faire dévier Jean-Pierre Mustier. «Notre plan est basé sur l’absence de fusions-acquisitions, a-t-il répété hier. Nous préférons nous transformer plutôt qu’intégrer et utiliser notre capital excédentaire pour soutenir l’économie et le rendre aux actionnaires quand cela sera autorisé [par la BCE, ndlr].» UniCredit espère honorer les promesses de son plan 2020-2023 qui repose sur une meilleure rémunération de ses actionnaires. En 2021, ces derniers devront se prononcer sur le renouvellement du mandat de Jean-Pierre Mustier... s’il se représente.
Plus d'articles du même thème
-
Harvest commence à sortir du bois après sa cyber-attaque
Sonia Fendler, directrice générale adjointe chez Harvest, est intervenue à la Convention annuelle de l’Anacofi, quelques jours après s'être exprimée lors d'une réunion organisée par la CNCGP. Elle a donné des premiers éléments d’explications sur l’origine de la fuite de données et confirmé que la période d’indisponibilité des services ne sera pas facturée. -
La loi de finances 2025 a laissé aux banques un sentiment aigre-doux
Par souci de justice fiscale, la loi de Finances 2025 a apporté un certain nombre de modifications dont plusieurs touchent les banques de façon directe ou indirecte. Certaines dispositions ne sont pas à l’avantage du secteur bancaire mais d’autres sont plutôt bénéfiques. Zoom sur deux exemples concrets. -
Thomas Labergère (ING): «Il faut réconcilier le citoyen avec l'économie et la finance»
A l'occasion de l'événement Banques 2030 organisé le 27 mars par L'Agefi, Thomas Labergère, le directeur général d'ING en France, évoque les mesures nécessaires pour promouvoir la compétitivité des banques européennes.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions