
Scor plonge en Bourse après un semestre dans le rouge

Scor paye les conséquences de la crise en Ukraine et du changement climatique au premier semestre 2022. Le groupe français, quatrième réassureur mondial, a publié jeudi une perte nette de 239 millions d’euros pour les six premiers mois de l’année 2022 contre un bénéfice net de 380 millions d’euros au premier semestre 2021.
Après une perte nette de 80 millions d’euros au premier trimestre 2022, le réassureur français, qui sera présidé par Denis Kessler jusqu’en 2024, enregistre une perte nette de 159 millions d’euros au deuxième trimestre, contre un bénéfice de 335 millions d’euros au deuxième trimestre 2021. Selon JPMorgan, les analystes tablaient en moyenne sur une perte de 36 millions d’euros au deuxième trimestre. Jeudi matin, le marché n’appréciait pas cette contre-performance : le titre Scor accusait la plus forte chute du SBF 120 en perdant 11,5% à 18,11 euros.
Sécheresse
Scor subit notamment les conséquences de la sécheresse extrême qui a frappé le sud du Brésil cette année pour un coût total de 193 millions d’euros sur son résultat technique au premier semestre. Les conséquences du changement climatique ne sont toutefois pas restreintes à l’Amérique du Sud : alors que France Assureurs estime à 3,9 milliards d’euros le coût des sinistres entrainés par les intempéries qui ont touché la France depuis fin mai pour les assureurs, Scor estime par exemple que ces intempéries lui couteront 53 millions d’euros.
Il n’a pas changé sa provision au titre des potentiels sinistres associés à la guerre en Ukraine comptabilisée au premier trimestre de 85 millions d’euros. La charge totale des sinistres liés à la pandémie grimpe elle à 254 millions d’euros.
Les primes brutes émises, équivalent du chiffre d’affaires, se sont établies à 9,68 milliards d’euros, en hausse de 8,3% sur un an.
Ratio combiné de 107,7% en dommages
Parmi les autres indicateurs suivis par le groupe, le ratio de coût se maintient en-dessous de l’hypothèse d’environ 5,0% du plan «Quantum Leap» de Scor, qui a été étendu d’une année, à 4,5% des primes brutes émises au premier semestre 2022, contre 4,4% au premier semestre 2021. Le ratio de solvabilité de Scor est estimé à 240% à fin juin 2022 contre 226% au 31 décembre 2021.
Le ratio combiné net, qui définit le rapport entre le coût des sinistres et le total des primes encaissées, s’est établi à 107,7% au premier trimestre en réassurance de dommage et de responsabilité, dont 10,5% de sinistres liés aux catastrophes naturelles, contre 97,2% un an plus tôt. Ce ratio supérieur à 100% signifie que l’activité de réassurance dommages a accusé des pertes. Dans cette branche, les primes brutes émises ont progressé de 20,9%, à taux de changes constants, à 4,82 milliards d’euros.
L’activité d’assurance vie et santé a vu ses primes brutes émises reculer de 1,8% à taux de change constants par rapport au premier semestre 2021 à 4,86 milliards d’euros.
Saisir les opportunités
Scor n’entend pas se contenter de subir cet environnement difficile. «L’environnement actuel en pleine mutation s’accompagne de défis et d’opportunités», estime Laurent Rousseau, directeur général de Scor, dans un communiqué de presse. Le réassureur, qui doit dévoiler son nouveau plan stratégique le 9 novembre 2022, continuera dans les prochaines années à réduire son exposition aux périls sensibles à l'évolution du climat tout en saisissant les opportunités devant lui.
Dans sa branche assurance vie et santé, il estime par exemple que «la sensibilisation accrue à la nécessité des couvertures d’assurances a déclenché une augmentation de la demande pour les produits de prévoyance» et prévoit dans sa branche dommage qu’une «capacité réduite conjuguée à un déséquilibre croissant entre l’offre et la demande devrait soutenir un durcissement du cycle».
Adrien Couret devient président du comité des risques
Outre ses résultats semestriels et un point sur sa stratégie, Scor a indiqué des changements au sein de son conseil d’administration. A la suite de la démission de Kory Sorenson, Bruno Pfister, administrateur indépendant et actuellement président du comité́ des risques prend la présidence du comité des comptes et de l’audit. L’actuel président du comité des risques est remplacé par Adrien Couret, administrateur indépendant et directeur général d’Aéma Groupe. Une nouvelle administratrice sera cooptée au sein du conseil d’administration dans les prochaines semaines.
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