
Salaires : les syndicats de LCL appellent à la grève

Toutes les banques françaises n’ont pas encore bouclé leurs négociations annuelles obligatoires (NAO) sur leurs mesures salariales pour 2023. Chez LCL, la tension monte entre la direction et les organisations syndicales représentatives. Une intersyndicale FO et CFDT appelle ainsi à la grève ce mardi 17 janvier, jugeant les propositions de la direction insuffisantes au regard de l’inflation… mais surtout de ce que pratiquent les autres banques françaises.
La direction de LCL, tout comme celle de l’organe central de sa maison-mère Crédit Agricole SA, ne proposent, en effet, aucune augmentation collective à leurs salariés en 2023. Le Crédit Agricole avait pourtant fait figure d’exemple en rouvrant en juillet dernier les négociations salariales pour 2022 du fait de l’inflation. Les salariés de LCL avaient alors obtenu une augmentation générale de 2,9% versée en septembre 2022.
Les NAO pour 2023, qui se sont ouvertes fin décembre, se sont quant à elles enlisées. Un premier projet d’accord soumis à signature jusqu’au 6 janvier a rencontré le rejet des trois organisations syndicales représentatives, le SNB, FO et la CFDT. La direction a, par la suite, suspendu ces négociations pour organiser une nouvelle réunion le jeudi 12 janvier. Elle propose une enveloppe de 16,7 millions d’euros de mesures salariales individuelles, une enveloppe de 13 millions d’euros pour distribuer une prime de partage de la valeur – dispositif ayant remplacé la prime Macron l’été dernier – et une augmentation du titre restaurant de 0,80 euro, dont 0,48 euro pour LCL. Dans le détail, la direction de LCL souhaite attribuer 1.200 euros de prime de partage de la valeur pour les rémunérations inférieures à 30.000 euros, 1.000 euros pour les rémunérations inférieures à 40.000 euros, 600 euros pour les rémunérations inférieures à 50.000 euros, et 500 euros pour le rémunérations inférieures à 90.000 euros.
Une seule augmentation générale depuis 2014
Pour les organisations syndicales représentatives, le compte n’y est pas. «Avant juillet dernier, la dernière augmentation collective chez LCL datait de 2014 ! Nous demandons à la direction de s’inspirer de ce que font les autres banques, et notamment le Crédit Mutuel, alors que l’inflation atteint 6% !», explique Céline Masson, délégué syndicale nationale adjointe FO. Le Crédit Mutuel Alliance Fédérale, qui regroupe 14 fédérations du Crédit Mutuel et le CIC, a accordé une augmentation générale de 3% dès le 1er janvier 2023 à tous ses salariés ainsi qu’une prime de partage de la valeur de 3.000 euros qui leur a été versée en décembre dernier. Cet accord est de loin le mieux disant du secteur bancaire, mais BPCE, BNP Paribas et la Société Générale n’ont pas non plus lésiné sur les augmentations générales. La banque rouge et noire a ainsi accordé en 2023 sa deuxième augmentation collective en dix ans.
Avec ce mouvement de grève, également suivi par le SNB et la CGT, l’intersyndicale FO-CFDT espère faire pression sur la direction qui menace d’organiser une session extraordinaire du CSE le 18 janvier pour imposer un accord sur les NAO de manière unilatérale. Les syndicats mettent en avant les bons résultats de LCL, qui devraient frôler «le milliard d’euros en 2022» ainsi que la forte «productivité des salariés». Le coefficient d’exploitation n’a «jamais été aussi bas (63,8% pour une cible 2022 fixée à 66%)», soulignent-ils. Dans le même temps, l’intersyndicale pointe un problème d’attractivité et de rétention des talents, alors que le métier de conseiller bancaire fait de moins en moins rêver. Les démissions ont atteint, selon elles, 6% de l’effectif en 2022. Des arguments qui jusqu’ici peinent à être entendus par la direction de LCL.
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