Salaires, le climat se radoucit

Les négociations annuelles obligatoires dans les banques laissent entrevoir davantage de mesures de hausses générales, après le trou noir de 2020.
Alexandre Garabedian
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Des résultats trimestriels record pour la Société Générale, des revenus qui retrouvent le chemin de la hausse dans tous les réseaux d’agences… Les négociations annuelles obligatoires (NAO) sur les salaires qui se tiennent traditionnellement dans les banques françaises à l’automne s’ouvrent cette année dans un climat plus serein qu’il y a un an. Oublié le trou noir de 2020, quand le deuxième confinement et les incertitudes sur l’impact économique de la crise sanitaire poussaient les banques à rivaliser de prudence, tandis que les syndicats étaient focalisés sur l’organisation du travail en « présentiel » et à distance. La vague de défauts tant redoutés sur les crédits n’a finalement pas eu lieu, le secteur recommence à verser des dividendes et à racheter des actions, et ce regain de confiance va nécessairement rejaillir sur les négociations entre partenaires sociaux.

BNP Paribas, première à sortir du bois dans ces NAO, a donné le ton. Dans une industrie où les mesures d’augmentation générale n’ont cessé de se raréfier au fil du temps, la banque de la rue d’Antin a opté pour une mesure collective pérenne alors qu’elle n’avait accordé l’an dernier qu’une prime Macron. La hausse de 0,6 %, qui a fait l’objet d’un accord avec les syndicats majoritaires, ne prendra effet qu’au 1er avril 2022. Elle concernera environ 90 % des collaborateurs de la structure juridique BNP Paribas SA, ceux qui affichent un salaire annuel brut inférieur à 80.000 euros. Le groupe a par ailleurs débloqué une enveloppe d’augmentations individuelles de 1,5 %. Le tout est complété par un supplément d’intéressement, un abondement au plan d’épargne entreprise, et un forfait « mobilité durable » qui récompense les salariés utilisant des vélos.

Inflation

Les augmentations de salaires collectives et individuelles représenteront chez BNP Paribas une hausse de la masse salariale de près de 1,9 % pour 2022. Une revalorisation en ligne avec la dernière prévision d’inflation de la Banque de France, estimée à 1,8 % sur l’ensemble de l’année qui s’achève. Tout sauf un hasard. Avec la récente flambée des prix de l’énergie, la thématique du pouvoir d’achat a refait son apparition depuis la rentrée dans le débat public. L’invitation du gouvernement aux entreprises pour qu’elles augmentent les salaires donne plus de poids aux revendications traditionnelles des syndicats dans ce domaine. Chez HSBC Continental Europe, par exemple, lors de la première réunion de NAO le 20 octobre, les organisations syndicales ont réclamé une hausse générale de 3 % pour suivre l’inflation, même si la bosse de ces derniers mois est jugée temporaire par la majorité des économistes – c’est le jeu de la négociation. Dans la branche Banque Populaire, un tract de l’intersyndicale juge « scandaleuse » la première proposition de la direction d’une augmentation collective de 0,5 %, pour les salaires allant jusqu’à 45.000 euros, « dans un contexte de résultats exceptionnels et de flambée des prix ». Le jeu de la négociation, là encore.

En mettant sur la table cette hausse de 0,5 % comme base de discussion, les Banques Populaires laissent néanmoins attendre un accord sur une mesure pérenne. Chaque banque régionale peut par ailleurs négocier son propre accord. Même perspective aux Caisses d’Epargne, l’autre grand réseau du groupe BPCE. Coutumier des augmentations générales annuelles, qu’il a été le seul à conserver l’an dernier parmi les grandes banques, le Crédit Mutuel Alliance Fédérale n’a aucune raison de déroger à cette règle cette année. Chez Crédit Agricole SA, l’organe central de la banque verte, les négociations ont débuté le 21 octobre et doivent s’étaler sur un mois. La CFDT réclame jusqu’à 1.000 euros d’augmentation annuelle pour les rémunérations inférieures à 45.000 euros, ainsi qu’une enveloppe de 2 % dédiée aux augmentations individuelles.

Si les mesures collectives reviennent au goût du jour, les NAO se télescopent avec une actualité brûlante dans certains groupes bancaires. C’est le cas chez HSBC, dont l’activité retail doit être reprise par My Money Group (L’Agefi Hebdo du 4 novembre 2021) : le vendeur s’est engagé à plafonner à 4 % l’évolution de la masse salariale sur ce périmètre, transféré en 2023. La Société Générale, elle, a engagé la fusion de son réseau avec celui du Crédit du Nord, un projet qui se soldera par des centaines de fermetures d’agences et 3.700 suppressions nettes de postes d’ici à 2025, selon un chiffrage annoncé début octobre. « Il faut que la négociation salariale qui va s’ouvrir soit l’occasion de rompre avec les messages négatifs depuis trop longtemps », espère-t-on du côté de la CGT du groupe. « Nous ne sommes plus dans le contexte si particulier de 2020 », a répondu Sébastien Proto, directeur général adjoint de la Société Générale, lors d’une réunion avec les syndicats fin octobre. Une première réunion devait se tenir le 9 novembre.

Autre établissement en restructuration permanente depuis de nombreuses années, LCL a prévu d’entamer ses négociations mi-novembre. « Nous avons peu d’espoir d’une hausse générale : la dernière mesure collective date de 2014 et l’enveloppe des augmentations individuelles se réduit d’année en année », indique un responsable syndical. La Banque Postale devrait fermer la marche avec un premier tour de chauffe en décembre, avant d’entrer dans le vif des discussions en janvier.

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