L’ouragan Ian menace les résultats des réassureurs

Swiss Re, qui estime que la catastrophe naturelle devrait coûter entre 50 à 65 milliards de dollars au secteur de l’assurance, a prévenu qu’il affichera une perte de 500 millions au troisième trimestre.
Bertrand De Meyer
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L’ouragan Ian de catégorie 4 a frappé l’ouest de la Floride le 28 septembre 2022.  -  Photo UE-CE.

La vague de pertes entraînées par l’ouragan Ian submerge déjà les réassureurs. Dans un communiqué publié mardi, Swiss Re a prévenu que la tempête, qui a frappé l’ouest de la Floride le 28 septembre en tant qu’ouragan de catégorie 4, devrait lui coûter 1,3 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros), net de rétrocession et avant impôts. Le groupe accusera donc une perte de 500 millions de dollars au troisième trimestre. «La réalisation des objectifs du groupe dépend fortement de la performance des marchés financiers et de l’expérience des gros sinistres au cours du second semestre 2022», avait prévenu le directeur général de Swiss Re, Christian Mumenthaler, lors de la publication des résultats du deuxième trimestre.

Le réassureur suisse ne cache pas les conséquences de ce « gros sinistre » sur ses objectifs annuels : «Swiss Re n’atteindra probablement pas son objectif de rendement des capitaux propres (RoE) du groupe de 10% en 2022 mais maintient ses objectifs de rentabilité pour 2024.» Déjà confronté à une augmentation des sinistres de petite et moyenne ampleur, aux conséquences de l’inflation et à la guerre en Ukraine, il juge peu probable d’atteindre son objectif de ratio combiné normalisé (charges et sinistres rapportés au prime) de moins de 94% en réassurance dommages. Sa branche vie et santé devrait, pour sa part, atteindre les objectifs fixés pour 2022 d’un bénéfice net d’environ 300 millions de dollars et d’un ratio combiné normalisé inférieur à 95 %.

Résultats négatifs pour le secteur

Swiss Re, qui doit publier le 28 octobre ses résultats du troisième trimestre, avant Hannover Re (3 novembre), Munich Re (8 novembre) et Scor (9 novembre), est le premier des grands réassureurs mondiaux à préciser son estimation du coût de l’ouragan Ian. «Nous pensons que les autres réassureurs sont susceptibles de suivre, avec des annonces préalables dans la plupart des cas dans les prochains jours, ce qui constitue un risque pour les prévisions de bénéfices pour 2022», estiment les analystes de JPMorgan. Selon eux, «en raison de l’ouragan Ian, aucune des sociétés ne réalisera ses prévisions de bénéfices pour 2022». Le réassureur zurichois, qui souligne son solide ratio de solvabilité à 274% au 1er juillet 2022, estime que les pertes totales du secteur de l’assurance devraient se situer entre 50 à 65 milliards de dollars.

«Nous nous attendons à ce que la faiblesse de l’activité de réassurance dommages éclipse l’impression de solvabilité plus forte et la performance des autres unités commerciales. Avec les premiers signes clairs du risque d’inflation, il ne fait aucun doute que les résultats sont également négatifs pour le secteur», ont réagi les analystes de RBC Capital Markets. Sur une première hypothèse de coût de 25 à 35 milliards de dollars de l’ouragan, les analystes de Berenberg estimaient entre 1,5 et 2,7 milliards de dollars les pertes pour les réassureurs européens : entre 750 et 1.250 millions pour Munich Re, devant Swiss Re (500 millions à un milliard), Hannover Re (150 à 250 millions) et Scor (100 à 200 millions). Des prévisions désormais trop optimistes.

Alors que les catastrophes naturelles au premier semestre avaient déjà bien entamé les réserves des réassureurs pour l’année, les publications du troisième trimestre devraient en voir plusieurs tomber dans le rouge. «Bien que nous nous attendions à ce que les pertes liées à l’ouragan Ian soient un événement générateur de pertes pour la plupart des réassureurs, ceux qui subissent des pertes surdimensionnées pourraient voir une certaine pression sur leur capitalisation ajustée au risque [le ratio RAC, Risk-Adjusted Capitalization, correspondant au rapport entre les fonds propres et le risque pondéré]. Celui-ci a déjà connu une certaine détérioration en raison d’importantes pertes non réalisées sur les titres à revenu fixe, dues à la forte hausse des taux d’intérêt cette année», préviennent les analystes de Moody’s. Verdict d’ici une quinzaine de jours.

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