
L’indemnisation du risque terroriste fait débat

En matière de risque terroriste, le cocktail actuel entre public et privé ne convient pas aux assureurs et aux réassureurs. En France, les indemnisations sont, pour le versant dommages, prises en charge par le Gareat (Gestion de l’assurance et de la réassurance des risques attentats et actes de terrorisme), et en assurance de personnes, par le Fonds de garantie des victimes des actes terroristes et d’autres infractions (FGTI).
Côté dommages, l’Etat français accorde sa garantie illimitée au Gareat, une structure réunissant les compagnies d’assurance, par le biais de traités réassurés à 100% par la Caisse centrale de réassurance (CCR). Cette garantie «devrait être renouvelée d’ici la fin du mois, sur 5 à 6 ans», a déclaré hier Patrick Duplan, délégué général de l’Association des professionnels de la réassurance en France (Apref), à l’occasion d’un bilan annuel. Mais «nous ne sommes pas d’accord sur les montants. […] Les pouvoirs publics sont attachés à augmenter le niveau d’intervention de la CCR et le plafond du Gareat».
Du ressort du budget public
Pour les grands risques (capitaux assurés supérieurs à 20 millions d’euros), le seuil d’intervention de la CCR a déjà été relevé de 300 millions d’euros, à 2,3 milliards d’euros, en 2013 pour cinq ans, plus une augmentation de 60 millions d’euros par an depuis 2014. «L’Etat veut limiter son exposition et augmenter la nôtre», a résumé Denis Kessler, président de l’Apref et PDG de Scor.
Quant au FGTI, «la question se pose de son financement, de son fonctionnement et de sa gestion», a énuméré Patrick Duplan. S’il concerne l’assurance de personnes, il est financé par une taxe sur les contrats en dommages. «Ce montage n’est pas souhaitable, où l’on demande aux assurés de payer pour les victimes de terrorisme, un fait qui ressort d’un défaut de service de l’Etat et donc du budget public», a déclaré Denis Kessler. «In fine c’est l’Etat qui gère le risque terroriste, il doit prendre sa part.»
Début 2017, la taxe est passée de 4,30 à 5,90 euros, mais «cela servira à peine à assurer l’équilibre du fonds, vu la croissance extrêmement forte des autres infractions de droit commun», a souligné Patrick Duplan. D’autant qu’«il y a une inflation de l’indemnisation du FGTI, car [l’Etat] n’est pas le payeur, a renchéri Denis Kessler. A préjudice équivalent, indemnisation équivalente, peu importe qu’il s’agisse de terrorisme ou pas».
Le président de la Fédération française de l’assurance Bernard Spitz a lui évoqué l’idée d’une mutualisation au niveau européen.
Plus d'articles du même thème
-
Groupama enregistre le résultat le plus élevé de son histoire
L’assureur mutualiste affiche des résultats 2024 en nette progression par rapport à l’exercice précédent grâce à la bonne tenue de l’ensemble de ses activités d’assurance et une sinistralité "climatique" clémente. Toutefois, le ratio de solvabilité pâtit d’effets de marché défavorables et d’exigences en capital plus élevées. -
Harvest commence à sortir du bois après sa cyber-attaque
Sonia Fendler, directrice générale adjointe chez Harvest, est intervenue à la Convention annuelle de l’Anacofi, quelques jours après s'être exprimée lors d'une réunion organisée par la CNCGP. Elle a donné des premiers éléments d’explications sur l’origine de la fuite de données et confirmé que la période d’indisponibilité des services ne sera pas facturée. -
Le courtier en assurances Adélaïde confirme ses ambitions de croissance
Le groupe de courtage familial indépendant boucle une belle année 2024 et entend bien continuer sur cette lancée. Un nouveau directeur général pour Verlingue attendu fin avril viendra renforcer encore la dynamique de croissance de la filiale historique du groupe.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions