
L’Etat donne le « go » à son projet de grand pôle financier public

Bercy a donné ce matin le coup d’envoi du rapprochement entre CNP Assurances et la Banque Postale pour créer un grand pôle financier public qui devra assurer l’avenir de La Poste, confrontée au déclin du courrier papier. Dans le cadre du projet de loi Pacte, l’Etat transfèrera une partie de sa participation de 74% au capital de La Poste à la Caisse des dépôts (CDC) qui deviendra l’actionnaire majoritaire de l'établissement public dont elle détient déjà 26%. A l’issue de l’opération, qui sera menée tout au long de 2019, la Caisse des dépôts détiendra la majorité du capital de La Poste, l’Etat conservant une minorité de blocage (supérieure à 33%) de établissement, qui restera «100% public».
En contrepartie, la CDC et l’Etat apporteront à La Poste leur participation de respectivement 41% et de 1% dans CNP, dont les activités seront rapprochées de celles de La Banque Postale. Cet établissement, devenu ces dernières années le relais de croissance du groupe public postal, deviendra l’actionnaire majoritaire de CNP pour se muer en bancassureur de plein exercice.
«L’Etat a décidé créer un grand pôle financier public autour de la Caisse des dépôts et de La Poste avec des ressources de plus de 1.000 milliards d’euros. Cela en fera un des pôles financiers publics les plus importants au monde, a déclaré le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, lors d’une conférence de presse en présence des patrons de la CDC et de La Poste. Ce pôle financier public aura pour vocation première le développement des territoires par le financement des collectivités locales, les maisons de services public, le très haut débit et l’accompagnement des personnes âgées».
Pour permettre le rapprochement entre CNP et La Banque Postale, les pouvoirs publics vont demander à l’Autorité des marchés financiers (AMF) d’accorder une dispense d’OPA, la réglementation boursière exigeant, sauf dérogations, le lancement d’une OPA dès que le seuil de 30% du capital est franchi. «Si la dérogation à l’OPA n'était pas accordée, nous prendrons les décisions qui seront nécessaires. On s’adaptera à ce moment-là », a déclaré Eric Lombard, le directeur général de la CDC. La Banque Postale a vocation devenir l’actionnaire majoritaire de CNP à l'échéance des pactes d’actionnaires fin 2019. A cette date, il sera mis fin à Sopassure, holding détenue conjointement par La Banque Postale et BPCE. «Nous souhaitons que BPCE reste associé au développement de CNP Assurances», a déclaré Eric Lombard, mais le groupe mutualiste a toujours laissé ouverte la possibilité d’une cession de cette participation «financière».
Ce vaste chantier, souvent évoqué ces dernières années, n’en est qu'à ses débuts. Parallèlement aux débats parlementaire et boursier, «nous allons travailler sur une organisation précise des opérations et notamment la valorisation des apports qui n’est pas achevée», a déclaré Eric Lombard. «Le calage aura lieu dans les semaines ou mois qui viennent», a-t-il ajouté. CNP vaut près de 14 milliards d’euros en Bourse. Le cours de l’action est inchangé à mi-séance à 20,16 euros.
Plus d'articles du même thème
-
Harvest commence à sortir du bois après sa cyber-attaque
Sonia Fendler, directrice générale adjointe chez Harvest, est intervenue à la Convention annuelle de l’Anacofi, quelques jours après s'être exprimée lors d'une réunion organisée par la CNCGP. Elle a donné des premiers éléments d’explications sur l’origine de la fuite de données et confirmé que la période d’indisponibilité des services ne sera pas facturée. -
La loi de finances 2025 a laissé aux banques un sentiment aigre-doux
Par souci de justice fiscale, la loi de Finances 2025 a apporté un certain nombre de modifications dont plusieurs touchent les banques de façon directe ou indirecte. Certaines dispositions ne sont pas à l’avantage du secteur bancaire mais d’autres sont plutôt bénéfiques. Zoom sur deux exemples concrets. -
Thomas Labergère (ING): «Il faut réconcilier le citoyen avec l'économie et la finance»
A l'occasion de l'événement Banques 2030 organisé le 27 mars par L'Agefi, Thomas Labergère, le directeur général d'ING en France, évoque les mesures nécessaires pour promouvoir la compétitivité des banques européennes.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions