
Les gestionnaires s’immiscent dans la bataille sur les données de marché

Se joignant aux associations de brokers, l’Association des gestionnaires d’actifs européens (Efama) s’est positionnée lundi en faveur de coûts des données de marché établis sur une «base commerciale raisonnable». Si certaines données peuvent constituer un «sous-produit connexe, mais distinct» de la fonction de négociation, les gestionnaires estiment, comme les banques et contrairement aux bourses, que le rôle des plates-formes est de faire correspondre acheteurs et vendeurs autour d’un prix d’équilibre grâce à des règles et à des processus «transparents».
Les plates-formes boursières ont beaucoup changé avec les évolutions réglementaires, comme MIF 1 puis MIF 2, et technologiques, «les obligations de meilleure exécution leur conférant un pouvoir de marché important sur les données propres à leur plate-forme. Elles utilisent ce pouvoir pour limiter l’accès aux données du marché, à la distribution des données et à la concurrence, regrette l’association. Les effets négatifs de cette augmentation des coûts sont bien connus, y compris des autorités de supervision».
Cela aurait contraint nombre d’utilisateurs à réduire leur achat de données au minimum, parfois en désélectionnant certains titres ou certains marchés – en général les plus petits. «Cela se traduit par une diminution de la concurrence et une moindre intégration des marchés transfrontaliers, des marchés moins bien informés – avec une transparence post-trade souvent réduite même après 15 minutes, des coûts plus élevés pour les investisseurs et potentiellement pour les émetteurs, ce qui nuit au développement de marchés de capitaux efficaces, donc à l'économie réelle», développe Vincent Dessard, conseil réglementaire senior à l’Efama.
Dans le cadre de la révision de MIF 2, l’Efama propose que les exigences liées à cette réglementation soient mieux respectées, avec : une supersivision harmonisée au niveau européen et entre les pays, un cadre d’application plus précis en termes de définitions, de principes et de barèmes de frais harmonisés et simplifiés, afin que les prix publiés se comparent plus facilement. Il faudrait aussi des contrats simplifiés, d’au moins un an pour faciliter la vie des utilisateurs en termes de suivi, de connexion et d’audit. Enfin, «le rôle des fournisseurs de données devrait faire l’objet d’une plus grande attention réglementaire sur leurs tarifications, définitions et politiques, et ce au niveau mondial de IOSCO/OICV», conclut l’Efama, qui se demande si le sujet ne devrait pas être regardé par les autorités de concurrence.
Plus d'articles du même thème
-
La chute se poursuit sur des marchés paniqués par la guerre commerciale
Les Bourses européennes ont ouvert dans le rouge vif lundi après le plongeon des marchés asiatiques. Les taux continuent également à reculer. -
Les cours de Bourse des gestionnaires d'actifs ne sont pas épargnés par la bataille des tarifs douaniers
L'Agefi a calculé et compilé les variations de cours enregistrées par les gestionnaires d'actifs cotés en Bourse sur les séances du 3 et 4 avril 2025 après les annonces américaines sur les droits de douane. -
Le risque de surenchère tarifaire tétanise les marchés
La riposte de la Chine aux tarifs douaniers réciproques de Donald Trump a exacerbé le risque d'escalade et de récession, plongeant les marchés financiers encore davantage dans la tourmente. Wall Street accuse sa pire chute depuis la crise Covid. L'Europe efface ses gains de 2025. Les investisseurs fuient vers les emprunts d'Etat.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions