
Les faiblesses des caisses d’épargne pénalisent l’Espagne
Moody’s jette de l’huile sur un feu déjà vif. L’agence de notation a en effet décidé hier d’abaisser d’un cran ou plus les notes de 30 banques espagnoles, dans le sillage de la dégradation de la note souveraine du pays le 10 mars. Les raisons de cette décision évoquées par Moody’s sont «la combinaison de pressions financières intensifiées sur la dette souveraine et de nombreuses banques faibles», ainsi que «la perte de poids de nombreuses banques petites et régionales alors que le secteur se consolide». Sur les trente banques, quinze voient leur note baissée de deux crans et cinq reculent de trois à quatre crans.
Une des raisons principales invoquées par Moody’s tient à son changement de méthode sur la dette senior. En ligne de mire, la volonté des gouvernements européens d’éviter toute participation du contribuable au renflouement des banques en difficulté qui pourrait conduire à la mise en place de décotes et de conversions en actions sur la dette senior et subordonnée des banques. En attendant le texte de la Commission européenne, la position de Moody’s est de retirer le soutien étatique implicite de la note senior des banques européennes de petite taille.
Santander, BBVA et La Caixa, ont cependant été épargnées, leur note ayant été confirmée à Aa2. La moindre exposition des deux premières au marché domestique leur permet de se financer à des niveaux plus faibles que les banques locales. Santander est parvenue mercredi à émettre un milliard d’euros de dette non sécurisée à 3 ans à 175 pb au-dessus des mid-swaps. Reste que la hausse du coût de financement dans un contexte de collecte agressive de dépôts pèse sur les marges d’intérêt des banques espagnoles.
Nombre de cajas se sont déjà vu bloquer l’accès aux marchés avec des émissions réalisées au compte-gouttes grâce à la garantie de l’Etat. Bank of America estime que 44 milliards d’euros de dettes bancaires espagnoles arriveront à maturité cette année. Le secteur compte néanmoins utiliser ses 132 milliards d’actifs comme garantie auprès de la BCE pour faire face à ses échéances.
Suite au recours quasi- annoncé de l’Etat portugais à l’EFSF, les investisseurs devront déterminer si les cajas feront de l’Espagne le prochain maillon faible de la zone euro. Une réévaluation du risque souverain espagnol n’est donc pas à exclure, même si les investisseurs restent confiants. Le CDS 5 ans espagnol se traite à 221 bp, contre 536 bp pour le Portugal.
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