
Les banques espagnoles affûtent leurs arguments contre la taxe bancaire

Face à la taxe bancaire, les banques espagnoles ne décolèrent pas. L’impact de cette loi, visant à fixer une taxe temporaire de 4,8% pendant deux ans sur les revenus nets d’intérêts et les commissions nettes des banques dont le chiffre d’affaires a dépassé 800 millions d’euros en 2019, va bientôt se faire ressentir. C’est en effet d’ici au 20 février prochain que les établissements concernés vont devoir s’acquitter du premier versement. Directrice générale de Bankinter, María Dolores Dancausa avait été la première à déclarer son intention de contester la validité de cette taxe « dès le lendemain du paiement ».
A l’occasion de la publication des résultats annuels de la banque le 19 janvier, la dirigeante a enfoncé le clou en déclarant qu’«il n’existait aucune raison objective de justifier cette taxe sur un secteur aussi important pour l’activité économique ». L’impôt devrait ainsi coûter à la banque entre 80 et 100 millions d’euros en 2023 et 2024. Directeur général d’Abanca, Juan Carlos Escotet lui a emboîté le pas en indiquant que l’établissement ferait appel de cette décision « en temps voulu ». Le dirigeant, qui a chiffré à près de 50 millions d’euros l’impact de l’impôt sur les comptes de la banque, le considère « clairement anticonstitutionnel » : « cela nous met dans une situation désavantageuse », a-t-il signalé, « cela limite l’octroi de crédit (…) et nous éloigne aussi des meilleures pratiques européennes du secteur » a-t-il indiqué.
En novembre, la BCE avait mis en garde contre cette taxe bancaire susceptible de porter atteinte à la situation financière des prêteurs et perturber la politique monétaire.
Jusqu’à présent, Santander et BBVA, qui publient leurs résultats cette semaine, n’ont pas souhaité commenter leurs projets. Selon le Financial Times, elles devraient pourtant suivre le mouvement engagé par Bankinter et Abanca. De son côté, le numéro un domestique CaixaBank indique que « c’est une décision qui doit encore être prise par le Conseil d’administration ». Au sein de l’association des banques espagnoles AEB, le ton reste vague : « nous envisageons actuellement avec les banques toutes les options possibles » indique un porte-parole à L’Agefi. D’après le quotidien économique Cinco Días, les banques ont l’intention de mettre en avant « l’anti-constitutionnalité, la double imposition et l’incompatibilité avec la réglementation » de cette taxe. Celle-ci doit permettre au gouvernement espagnol de lever 3 milliards d’euros sur deux ans pour lutter contre la hausse des prix de l'énergie.
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