
Les banques challengers se cassent les dents sur le coffre-fort français

A chaque époque ses champions. Au début des années 2000, la France a vu éclore de nombreux acteurs bancaires, voulant profiter des nouvelles technologies pour prendre des parts de marché aux grandes institutions en place. Des groupes étrangers ont aussi voulu en profiter pour s’implanter dans l’Hexagone. Un peu plus de 20 ans plus tard, ces structures, lorsqu’elles ne se sont pas fait avaler par des banques traditionnelles – dont elles étaient parfois issues –, ont finalement renoncé.
C’est le cas d’ING, qui a annoncé jeudi avoir lancé un examen stratégique de ses activités de banque de détail en France. Le néerlandais avait développé cette activité en 2000, avec ses offres de banque en ligne et à grand renfort de publicité sur des livrets d’épargne aux taux imbattables. «La revue stratégique débute et aucune décision n’a été prise», a déclaré ING, mais ses activités de banque de détail ING Direct pourraient intéresser les fonds d’investissement – certains, comme Cerberus, Anacap, ou Blackfin, sont très actifs sur le secteur financier.
La structure pourrait aussi appâter des néobanques qui mettraient ainsi la main sur un portefeuille revendiqué d’environ un million de clients, mais sans détail sur le nombre de clients véritablement actifs. Enfin, ING pourrait intéresser une structure étrangère qui voudrait s’implanter en France. Certaines, comme Santander, ne cachent pas être à l’affût du marché pour saisir des opportunités de développement.
Pertes durables
Quelle que soit la solution retenue, l’Hexagone n’est pas un marché facile. Pour preuve, les raisons qui poussent ING à se séparer de cette activité : «La décision de conduire une revue stratégique de la banque en ligne d’ING en France a été prise du fait des difficultés liées au contexte économique actuel et notamment la faiblesse des taux d’intérêt, des résultats financiers négatifs enregistrés par la banque en ligne ces dernières années et de sa part de marché relativement limitée», explique à L’Agefi un porte-parole. Plus de vingt ans après la création de la structure, les activités de banque de détail en France ne sont donc pas rentables. Le cédant va peut-être devoir mettre la main à la poche pour se séparer de sa coûteuse activité.
Hasard du calendrier, HSBC est en passe de conclure la vente de sa banque de détail en France au fonds Cerberus. Le britannique, qui avait repris le réseau de 300 agences du CCF, également en 2000, abandonne lui aussi. En 2020, année certes spéciale à cause de la crise sanitaire, la banque britannique perdu 1,16 milliard d’euros avant impôts dans l’Hexagone. Mais même en 2019, le réseau de détail était en perte.
Nouveaux prétendants
Les banques historiques françaises continuent de bien verrouiller leur territoire, parfois au prix de restructurations, à l’image du rapprochement en cours des réseaux de la Société Générale et du Crédit du Nord. Les néobanques, comme N26 - qui a dépassé les deux millions de clients en France - ou Revolut, frappent aujourd’hui à la porte. Mais l’espace est difficile à prendre. Orange Bank, malgré l’appui de l’opérateur télécoms, accumule les pertes et cherche un partenaire bancaire. Car face à cette nouvelle concurrence, les grands groupes préparent leur riposte, comme BNP Paribas qui a acquis Nickel en 2017, ou encore la Société Générale qui a racheté la néobanque destinée aux professionnels Shine en 2020. Même si la mésaventure subie par le groupe BPCE, qui a racheté Fidor en 2016 avant de finalement s’en séparer après un fiasco, a montré que ce n’est pas toujours facile.
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