
Les assureurs s’inquiètent de l’arrivée des géants du net

La crainte est palpable. «Ce qui me réveille la nuit c’est le risque de rupture sur le marché. Demain nous allons être confrontés à des acteurs potentiellement invincibles dans l’économie digitale avec des rendements d’échelle infinis», prévient Pascal Demurger, directeur général de la Maif. Lors de la conférence annuelle internationale de la Fédération française de l’assurance (FFA) qui s’est tenue vendredi, les assureurs ont exprimé leur inquiétude face à l’arrivée des géants du net sur le marché. «Les frontières entre les secteurs vont devenir de plus en plus floues. Les nouveaux acteurs qui viennent capter des bouts de notre chaîne de valeur, notamment la relation avec le client, constituent un risque», insiste Jacques Richier, PDG d’Allianz France.
52% des assurés français se déclarent, en effet, ouverts à l’idée de souscrire une assurance auprès d’un nouvel entrant comme Google, Amazon, Facebook et Apple ou une insurtech, selon un rapport du cabinet Bain & Company publié début octobre. Le pourcentage monte même à 80% chez les millennials (18-34 ans). Dans le domaine de l’assurance, les Gafa avancent pourtant avec prudence. Amazon en tête. Le géant de l’e-commerce a ainsi annoncé cette semaine un partenariat avec Aviva France afin que les clients d’Amazon Pay puissent souscrire des contrats d’assurance automobile et habitation. En Allemagne, Amazon a déjà lancé une application d’assurance voyage via son assistant virtuel Alexa. L’entreprise propose aussi des extensions de garantie pour les produits achetés sur le site (téléphonie, électroménager) à travers sa filiale d’assurance européenne, Amazon Protect. Aux Etats-Unis, le groupe a créé une coentreprise avec Berkshire Hathaway et JPMorgan afin d’offrir une assurance-santé dédiée aux salariés des trois groupes, soit 1,2 million de personnes. D’autres initiatives ont été moins heureuses. Google, qui avait lancé un comparateur d’assurance auto, a dû l’arrêter en 2016.
«Il y a beaucoup de fantasmes autour des Gafa mais le business sur internet n’a pas prouvé sa rentabilité auprès des opérateurs», tempère Cyrille Chartier Kastler, président de Facts & Figures. Pour lui, le vrai pouvoir des géants du net réside dans la captation des données utilisateurs, la capacité à proposer des assurances ciblées et l’orientation du trafic web par la vente de mots clés. «Ce sont des influenceurs d’assurances, pas des vendeurs», conclut-il. Pas sûr que cela suffise à rassurer les opérateurs traditionnels.
Plus d'articles du même thème
-
Groupama enregistre le résultat le plus élevé de son histoire
L’assureur mutualiste affiche des résultats 2024 en nette progression par rapport à l’exercice précédent grâce à la bonne tenue de l’ensemble de ses activités d’assurance et une sinistralité "climatique" clémente. Toutefois, le ratio de solvabilité pâtit d’effets de marché défavorables et d’exigences en capital plus élevées. -
Harvest commence à sortir du bois après sa cyber-attaque
Sonia Fendler, directrice générale adjointe chez Harvest, est intervenue à la Convention annuelle de l’Anacofi, quelques jours après s'être exprimée lors d'une réunion organisée par la CNCGP. Elle a donné des premiers éléments d’explications sur l’origine de la fuite de données et confirmé que la période d’indisponibilité des services ne sera pas facturée. -
Le courtier en assurances Adélaïde confirme ses ambitions de croissance
Le groupe de courtage familial indépendant boucle une belle année 2024 et entend bien continuer sur cette lancée. Un nouveau directeur général pour Verlingue attendu fin avril viendra renforcer encore la dynamique de croissance de la filiale historique du groupe.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions