
L’Ecole supérieure de la banque s’adapte aux enjeux de formation dans les réseaux

«La banque n’est pas la sidérurgie de l’an 2000 comme certains l’avaient prédit. Elle est même en avance de phase par rapport aux transformations de la société française.» Eric Depond sait de quoi il parle : avant de prendre la direction générale de l’Ecole supérieure de la banque en 2000, il a été banquier et responsable de la formation notamment chez BPCE.
A la tête de l’établissement qui délivre des formations diplômantes et certifiantes à 1.500 étudiants par an, il a entrepris de s’adapter aux nouveaux besoins des banques françaises.
Ces dernières sont à la fois actionnaires de l’ESBanque – et siègent au conseil d’administration avec les cinq organisations syndicales représentatives de la profession – et clientes. «La pression sur les marges et les coefficients d’exploitation s’accroît, tandis que les métiers bancaires se transforment avec la disparition des métiers d’accueil en agences et la montée en puissance de conseillers spécialisés. Les banques ont besoin de former davantage, mais à moindre coût», explique Eric Depond. D’où l’importance des partenariats avec les universités ou écoles bien implantées dans les grands bassins d’emplois. L’ESBanque en recense 140 aujourd’hui.
L’établissement a aussi choisi de fusionner son campus de La Défense avec son siège social de Nanterre. Le nouveau campus de 4.000 m², inauguré en septembre à Nanterre, dans le quartier universitaire, présente l’avantage de mettre les 250 collaborateurs au contact direct des étudiants, mais aussi de faire des économies considérables – 1 million d’euros – sur le loyer.
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Faire mieux et moins cher
Le message est clair : «il faut faire mieux et moins cher», souligne Eric Depond. Contrairement à son image quelque peu dégradée auprès du grand public, la banque n’a jamais eu autant besoin de conseillers en agences. La profession a recruté en 2022 près de 49.000 salariés, soit une hausse de 21% par rapport à 2021. «La plupart des demandes portent sur la formation de personnel au métier de conseiller clientèle au niveau Bac+3, de type licence ou bachelor. Beaucoup de jeunes rentrent dans la profession avec un BTS dans les centres de relations clients (CRC) et évoluent ensuite sur un métier de conseil en agence», explique Eric Depond.
L’ESbanque a décidé d’adapter le produit phare de son programme de formation, le Bachelor banque et assurance, à l’ère post-Covid et au besoin d’accessibilité. Elle propose depuis la rentrée de septembre un «e-bachelor», toujours destiné à des étudiants en alternance dans les réseaux bancaires, et 100% à distance. La formation se fait aussi plus personnalisée et «orientée vers l’apprenant et ses modalités d’apprentissage». Grâce à l’intelligence artificielle, l’ESbanque développe «l’adaptative learning».
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«Grâce à un algorithme, le programme s’adapte en identifiant les éléments que l’apprenant maîtrise ou non et lui pousse du contenu adapté. Le but est de rendre la formation plus efficace pour les banques clientes en comblant les lacunes», précise Eric Depond.
Dernier volet de son programme de transformation, l’ESBanque qui dispense sa formation dans 25 pays, essentiellement d’Afrique francophone, veut encore accroître son activité à l’international. L’école a pour ambition «de renforcer sa présence au Maghreb, et de poursuivre son développement en Afrique non francophone comme en Egypte, ainsi que dans les pays Eurasiens dont plus particulièrement l’Arménie, les pays d’Europe centrale ou encore la Chine qui cherchent à se mettre au niveau d’exigence des régulateurs bancaires occidentaux.» L’ESBanque y voit une double opportunité : accroître les recettes de l’établissement pour faire baisser le prix des formations au bénéfice des banques clientes et s’inspirer des pratiques dans des pays émergents souvent très en phase avec les nouvelles technologies.
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