
Le rallye des valeurs bancaires européennes est suspendu aux «trimestriels»

Les analystes de Bank of America Merrill Lynch (BoA) ne prennent pas de précautions de langage, dans leur étude consacrée aux prévisions des résultats des banques européennes. Alors que Credit Suisse ouvrira demain le «bal des trimestriels» dans le secteur, suivi par UBS et Barclays jeudi puis par Deutsche Bank vendredi, BoA rappelle que les comptes des banques de financement et d’investissement (BFI) américaines ont reflété un premier trimestre «rude». En particulier dans le courtage actions, dont les revenus ont chuté de 21% en moyenne par rapport au premier trimestre 2018, alors que ceux du trading de produits de fixed income (taux, changes, matières premières) ont mieux tiré leur épingle du jeu, avec un repli de 10%, selon les analystes de Bloomberg Intelligence. Qui prévoient des évolutions similaires de ces deux métiers pour les BFI européennes, au premier trimestre. La relative bonne résistance du courtage dans le fixed income devrait avantager Credit Suisse par rapport à ses concurrentes, compte tenu du poids des activités de taux dans ses revenus, note BoA.
En revanche, la contre-performance du trading actions des BFI américaines semble de mauvais augure pour les banques françaises, en raison de leurs positions importantes dans les dérivés actions. Plus largement, les BFI européennes devraient faire état de résultats inférieurs à ceux de leurs rivales américaines dans les métiers actions, au titre du premier trimestre, écrivent les analystes de JPMorgan Cazenove. «UBS et Credit Suisse sont davantage présentes en Asie, où, comme en Europe, les volumes de transactions sur le cash (actions) ont été plus faibles qu’aux Etats-Unis», explique le courtier.
A l’opposé, les revenus liés au conseil financier, en hausse de 76% chez Citi et en progression de 51% chez Goldman Sachs, laissent espérer un bon premier trimestre pour les banques d’affaires européennes, et peut-être également de bonnes perspectives. Les établissements américains ont en effet indiqué disposer d’un bon réservoir de fusions-acquisitions pour les prochains mois.
Au total, Credit Suisse devrait dévoiler un bénéfice par action ajusté des éléments exceptionnels en baisse de 8% sur la période de janvier à mars, en rythme annuel, selon les prévisions d’analystes compilées par Bloomberg. Le consensus table également sur des reculs, de 12,7%, 14% et 1,7%, respectivement, pour les résultats par action ajustés de Barclays, d’UBS et de Deutsche Bank.
Dans ce contexte, et après leur rebond depuis le début de l’année, les perspectives d’activité, ainsi que la concrétisation de projets de fusions-acquisitions, comme celuientre Deutsche Bank et Commerzbank, représentent plus que jamais des éléments clés pour hisser les valorisations boursières des banques au-delà de leurs moyennes de long terme, estime Bloomberg Intelligence. Après un plongeon de 28% en 2018, l’indice Stoxx Europe 600 Banks a regagné environ 15% depuis le 1er janvier. Dans le même temps, les analystes ont abaissé leurs objectifs de cours sur les banques européennes de 5% en moyenne. Conséquence, l’écart entre les niveaux actuels de leurs cours et les objectifs des analystes n’est plus que de 10%. Si les catalyseurs de hausse potentiels ne se matérialisent pas, le rallye des valeurs bancaires européennes risque donc de ralentir. Et ce, bien que les banques européennes demeurent valorisées bien en-deçà de leurs fonds propres, avec un multiple moyen de 0,77 selon les données de Bloomberg, contre 1,61 pour l’indice Euro Stoxx 50.
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