Le conflit en Ukraine, une «catastrophe naturelle» de moyenne ampleur pour l’assurance

Le Lloyd’s de Londres a provisionné 1,2 milliard d’euros. Le coût du conflit pour le secteur sera supérieur à 10 milliards.
Bertrand de Meyer
Le Lloyd’s de Londres, la première place de marché mondiale en assurance et réassurance de risques commerciaux, d’entreprise et spécialisés
Le Lloyd’s de Londres est la première place de marché mondiale en assurance et réassurance des risques commerciaux, d’entreprise et spécialisés.  -  Lloyds

Le coût du conflit en Ukraine s’esquisse pour le secteur de l’assurance. Le Lloyd’s de Londres, la première place de marché mondiale en termes d’assurance et de réassurance pour les risques commerciaux, d’entreprise et spécialisés, a précisé avoir provisionné 1,1 milliard de livres sterling (1,2 milliard d’euros) net de réassurance pour les sinistres liés au conflit, lors de ses comptes semestriels.

«Nous nous attendons à ce que le conflit en Ukraine soit un événement majeur mais financièrement gérable pour le marché en 2022, et il n’y a pas de préoccupations pour le capital ou la solvabilité au niveau du Lloyd’s ou du syndicat», précise l’institution, qui a dévoilé une perte de 1,8 milliard de livres au 30 juin 2022, plombée par une perte de placement de 3,1 milliards de livres.

Les réassureurs mondiaux ont, quant à eux, provisionné un total de 1,4 milliard de dollars (1,4 milliard d’euros) pour faire face à d’éventuelles demandes d’indemnisation liées au conflit en Ukraine depuis le début de l’année, «l’équivalent d’un pourcentage relativement modeste, de 1,5%, de leurs primes d’assurance dommages», rapportent les analystes de Moody’s.

Pour John Neal, directeur général du Lloyd’s, les pertes du secteur pour l’ensemble du conflit seront probablement de l’ordre de grandeur d’une «catastrophe naturelle de petite à moyenne ampleur», entre 10 et 15 milliards de livres. Axa estimait dès le premier trimestre que «la crise devrait s’apparenter à une catastrophe naturelle de taille moyenne».

«Les réserves constituées jusqu’à présent excluent principalement les pertes potentielles liées aux avions loués saisis par les compagnies aériennes russes, qui ne seront probablement connues qu’après de longues procédures judiciaires», préviennent toutefois les analystes de Mood’ys. Une loi russe autorisant les compagnies aériennes à confisquer des avions loués par des bailleurs occidentaux, soit près de 600 avions pour une valeur supérieure à 12 milliards de dollars, pourrait coûter 10 milliards de dollars aux assureurs à elle seule. Les assureurs se veulent plus prudents quant à ce montant, qui dépendra de sa qualification en assurance aviation ou risque de guerre. Le Lloyd’s estime qu’un quart de ses pertes en Ukraine devrait provenir du marché de l’aviation. De longues batailles judiciaires se dessinent. AerCap Holdings NV, la plus grande société de location d’avions au monde, dont 145 avions sont concernés, réclame déjà 3,5 milliards de dollars à ses assureurs.

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