
Le «bal des trimestriels» n’augure pas d’un rebond des valeurs bancaires

Les valeurs bancaires françaises sont à la peine et la «saison des trimestriels», qui débutera mercredi avec BNP Paribas, ne devrait pas changer la donne. L’action de la première banque française en termes d’actifs chute de 12,2% depuis le 1er janvier, la Société Générale se replie de 13,3%, Crédit Agricole SA (CASA) baisse de 14,5% et Natixis abandonne 8,1%. Des évolutions qui contrastent avec la hausse de 3,15% du CAC 40, mais qui s’avèrent similaires au recul de 9,3% de l’indice Stoxx 600 Banks, pénalisé par les résultats décevants du secteur au premier trimestre, les risques géopolitiques et l’aplatissement des courbes de taux au sein de la zone euro.
Conséquence, d’UBS à Morgan Stanley, en passant par HSBC, nombre d’analystes jugent les valorisations du secteur attrayantes. BNP Paribas se paie 0,74 fois l’actif net, Natixis, CASA et la Société Générale se traitent sur des multiples respectifs de 0,96, 0,56 et 0,51, selon Bloomberg.
Problème, «les résultats du deuxième trimestre des banques françaises ne devraient pas apporter de catalyseurs majeurs à leurs cours», écrivent les analystes de Jefferies. A l’exception, soulignent-ils, de la Société Générale, en cas d’avancées dans son litige concernant la violation supposée d’embargos américains. L’action pourrait également bénéficier de bonnes surprises dans la banque de financement et d’investissement (BFI), qui avait déçu au premier trimestre.
Un effet change à nouveau défavorable
Les analystes d’UBS sont toutefois d’avis que la période d’avril à juin a été «de nouveau coriace» pour les activités de BFI. Les banques américaines ont certes agréablement surpris sur le front du courtage, grâce au rebond de la volatilité en juin. Mais cet effet positif pourrait avoir été contrebalancé, au sein des banques d’investissement européennes, par la poursuite de la baisse du dollar face à l’euro.
En gestion d’actifs aussi, la prudence est de mise. «Généralement, le deuxième trimestre n’est pas prolifique en matière de collecte et de commissions de performance. Cette tendance pourrait avoir été amplifiée cette année par un environnement géopolitique défavorable, en particulier en Italie», prévient UBS, pointant du doigt DNCA, chez Natixis, et Amundi. Le courtier juge toutefois ces perspectives intégrées dans la valorisation de la filiale du Crédit Agricole, dont l’action a perdu 16% depuis janvier et vaut 11,7 fois le bénéfice estimé pour 2019.
Ce n’est pas non plus la banque de détail en France qui devrait permettre un rebond des valeurs bancaires. La faiblesse des taux en zone euro continue de lester les marges d’intérêt, malgré la croissance des crédits aux entreprises et aux ménages. La plupart des établissements continuent ainsi de tabler sur une stabilisation, au mieux, des revenus de banque de détail en France, pour 2018. Parallèlement, si le coût du risque (provisions pour risque de crédits impayés) demeure faible, les investissements dans la transformation digitale continuent, eux, d’augmenter, pesant sur la rentabilité immédiate des réseaux bancaires en France.
Tous métiers confondus, les analystes interrogés par Bloomberg anticipent pour le deuxième trimestre une baisse de 14,7% du bénéfice net de BNP Paribas, sur un an. Ils tablent sur une chute de 22,8% pour CASA, sur un repli de 3,6% chez Natixis et entrevoient une légère hausse de 0,95% du résultat net de la Société Générale.
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