
Laurent Berger veut mener «la révolution environnementale et sociétale» du Crédit Mutuel

«Les mots c’est bien, les engagements concrets c’est mieux.» Ce mercredi 24 avril, Laurent Berger s’est présenté à la presse avec sa nouvelle casquette. L’ancien secrétaire général de la CFDT a porté sur les fonts baptismaux le nouvel Institut mutualiste pour l’environnement et la solidarité. Contrairement à ce que pourrait suggérer son nom, il ne s’agit pas d’un énième think tank brassant des concepts théoriques, a-t-il insisté. «Nous voulons être apporteurs de solutions», a déclaré le syndicaliste qui se revendique comme un homme d’action.
Ce «centre de ressources et d’expertise», comme le décrit le nouveau patron du Crédit Mutuel Alliance Fédérale Daniel Baal, aura vocation à servir la transformation de «tous les métiers» de la neuvième banque de la zone euro, de la banque de détail à l’assurance en passant par les services et la banque d’investissement.
Pour le concret, il faudra attendre 2025. Le plan stratégique à horizon 2027 de la banque mutualiste, qui prévoit déjà de réduire de 20% l’empreinte carbone de son bilan, sera alors complété par «une feuille de route détaillée avec nos objectifs en matière environnementale et sociétale», annonce Daniel Baal. «C’est la première mission confiée à Laurent Berger», souligne-t-il.
Le syndicaliste, bien connu de l’ancien patron Nicolas Théry, affirme avoir passé un «processus de recrutement classique» au sein de la banque et travaille étroitement avec son successeur depuis le lancement du projet. Son équipe, aujourd’hui constituée de 27 économistes, spécialistes de la data et des sciences de l’environnement, comptera d’ici à la fin de l’année 40 salariés. Une direction directement rattachée à la caisse fédérale du Crédit Mutuel Alliance Fédérale, désormais dirigée par Eric Petitgand.
Collecter et fiabiliser les données ESG
Après plusieurs mois de «préfiguration» de sa mission au cours desquels il s’est rendu dans les caisses et les agences, Laurent Berger endosse pleinement le costume du Crédit Mutuel. Il veut «faire de la banque une tech company» avec, comme levier principal, la collecte et surtout la fiabilisation des données pertinentes. Un sacré défi sur des champs que l’on commence à peine à défricher comme la biodiversité.
Le Crédit Mutuel, qui respectera bien sûr la confidentialité des données de ses clients, n’exclut pas demain de partager ses travaux et ses données anonymisées avec des partenariats extérieurs pour faire avancer la recherche. Mais elles seront d’abord utilisées pour faire pivoter la banque sur le financement et l’accompagnement de ses clients.
Dans le domaine de l’immobilier, le groupe compte d’ailleurs déployer cette année une filière métier dédiée à l’éco-rénovation, avec pour objectif d’aider 100.000 clients par an à transformer leurs logements. Il s’agira de «pré-financer les aides publiques» car celles-ci ne sont pas toujours versées immédiatement, et de mettre plus largement à leur disposition tous les moyens nécessaires, en les mettant en relation avec des artisans compétents notamment.
«La rénovation thermique a concerné seulement 70.000 logements en France l’an dernier. L’objectif du Crédit Mutuel est donc ambitieux !», souligne Laurent Berger.
La démarche n’est pas isolée. Son concurrent, le Crédit Agricole, qui a placé lui aussi les transitions environnementales et sociétales au cœur de son plan à moyen terme, a lancé en mai 2023 une plateforme «J’écorénove mon logement» afin de proposer un parcours simplifié aux ménages.
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