
L’assurance-vie descend de son nuage avec le Covid

Tout a basculé depuis mars dernier pour l’assurance-vie française, selon l’analyse du cabinet Facts & Figures. L’année 2019 s’était pourtant achevée sur une photo riante : 145 milliards d’euros de collecte brute - un plus-haut historique - et 26 milliards de collecte nette, et un taux d’unités de compte (UC) dans les contrats qui atteint 23% des encours. Et tout cela avec une bonne rétention, car le taux de sortie de 6,6% se trouve proche des planchers historiques.
Cependant, depuis le début de l’année, la collecte brute des fonds euros s’effrite de mois en mois : de 8,1 milliards d’euros engrangés en janvier 2020, elle tombe à 3,8 milliards en mai. La collecte brute en UC était pour sa part au plus haut en janvier et février, avec respectivement 4 et 4,4 milliards d’euros puis a rapidement fondu jusqu’à pointer à 1,9 milliard fin mai. Alors que les Français ont massivement épargné pendant le confinement.
«Afin de tenir leurs taux d’unités de compte dans la collecte brute, les assureurs-vie se sont éloignés au fil des années de l’épargnant standard au profit du client patrimonial ou gestion privée, retrace Cyrille Chartier-Kastler, président fondateur du cabinet. L’assurance-vie perd sa dimension populaire. L’épargne standard est ainsi passée de 55% des encours en 2012 à 48% en 2019.» Avec une épargne standard qui correspond à 90% des ménages, il alerte sur un produit qui devient élitiste et dont la fiscalité dérogatoire pourrait se voir remettre en cause.
«Diarrhée réglementaire»
Facts & Figures estime d’autre part que l’assurance-vie est en train d’effectuer une sortie de route en mettant au premier plan l’optimisation de sa marge de solvabilité au détriment des besoins de ses clients, qui recherchent des placements sécurisés, comme ceux des fonds en euros. Dénonçant une «diarrhée réglementaire» néfaste, le fondateur du cabinet plaide pour une mue de l’assurance-vie en proposant de faire évoluer les fonds euros au lieu de pousser à leur fermeture. Il souligne la surperformance des fonds orientés retraite par rapport aux fonds classiques, grâce à une plus forte proportion de placements non obligataires rendue possible par un horizon de long terme.
Il pose enfin la question de la compétitivité tarifaire des UC, qui permettent d’obtenir davantage de rendement à terme. Le cabinet évalue à 2,87% les frais supportés en moyenne au global par l’épargnant, nécessitant au moins une performance équivalente des placements, difficile à obtenir de façon récurrente.
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