L’action Credit Suisse entre en zone de danger

Depuis l’annonce du plan de restructuration du groupe, le titre a perdu près de 40%. Il se rapproche du prix offert dans le cadre de son augmentation de capital en cours.
Aurélie Abadie
Credit Suisse
Credit Suisse a subi cette année une décollecte massive de 84 milliards de francs suisses, soit 6%, de ses actifs sous gestion.  -  Bloomberg

Credit Suisse ne parvient pas à convaincre les investisseurs qu’une sortie de crise est possible. Son action a perdu 37% depuis la présentation de son plan de restructuration le 27 octobre, et 66% depuis le début de l’année. Elle a même atteint ce jeudi 1er décembre un plancher record de 2,67 francs suisses. C’est à peine 6% de plus que le prix de 2,52 francs proposé à ses actionnaires existants pour l’exercice de leurs droits de souscription, dans le cadre de son augmentation de capital.

Cette nouvelle descente aux tréfonds boursiers est le signe du peu d’appétit des investisseurs vis-à-vis de cette offre fortement décotée. Dans une note publiée ce jeudi 1er décembre, les analystes de JPMorgan l’attribuent à « l’importance de la levée de fonds » de la banque- 4 milliards au total – « avec un manque de précisions sur une restructuration très complexe de sa banque d’investissement » ainsi qu’à une « perte conséquente due à la décollecte » massive de 84 milliards de francs suisses, soit 6% des actifs sous gestion, subie par la banque selon les chiffres arrêtés au 11 novembre.

La décollecte reste scrutée

Tandis que Credit Suisse avait justifié la fuite des clients par les « rumeurs de presse » sur sa solidité début octobre, le mouvement s’est même amplifié au quatrième trimestre, notamment dans son cœur d’activité, la gestion de fortune. Credit Suisse a émis la semaine dernière un nouvel avertissement sur résultat, le quatrième depuis janvier. La banque devrait enregistrer une perte nette de 1,5 milliard de francs suisses au quatrième trimestre, a-t-elle prévenu, ravivant un peu plus les craintes sur son avenir.

Les analystes de JPMorgan se montrent malgré tout confiants dans le succès de l’augmentation de capital destinée à financer la restructuration. Si le titre se maintient au-dessus de 2,52 francs, qui est aussi « le prix de souscription ferme » pour le consortium de 19 banques choisi par Credit Suisse, jusqu’au dernier jour de négociation des droits le 6 décembre, « nous pouvons supposer à ce moment-là que la levée de fonds est un succès », estiment-ils. C’est sur cette corde rassurante que le président de Credit Suisse Axel Lehmann a voulu jouer lors d’une conférence à Londres,. Il a estimé que le cours se stabiliserait après la clôture de la période de souscription, les investisseurs devant s’attendre à de la volatilité jusque-là.

De possibles opérations de fusions-acquisitions

Toutefois, cela pourrait ne pas être suffisant pour sortir Credit Suisse de l’ornière. Si la décollecte continue – JPMorgan table sur 107 milliards de francs suisses au total au quatrième trimestre - les agences de notation pourraient envisager une dégradation de la note de crédit de la banque. Surtout, jugent les analystes, cela relancerait les spéculations sur de possibles fusions-acquisitions. Credit Suisse, qui a annoncé la cession de ses activités de titrisation au fonds Apollo, ainsi que la scission partielle de sa banque d’affaires First Boston aux Etats-Unis, pourrait ainsi envisager « une fermeture complète de sa banque d’investissement » et « une mise en Bourse de sa banque commerciale en Suisse CS Schweiz » qui, à elle seule, est valorisée 14 milliards de francs suisses, selon JPMorgan.

Credit Suisse avait déjà réfléchi à une introduction en Bourse partielle de cette entité en 2016, avant d’opter pour une augmentation de capital. Si la capitalisation boursière du groupe « reste aux alentours de 10 milliards de dollars pendant une période prolongée », ce scénario serait « probable », jugent les analystes. En revanche, un rapprochement avec UBS est « plus improbable », du fait notamment de l’absence de synergies de revenus et de la concentration concurrentielle avec un chevauchement des activités et des clients des deux banques.

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