
La Super League des banques américaines

Pour les tifosi des cryptomonnaies, la cotation directe de Coinbase sonne comme l’avènement des monnaies digitales. L’entrée en Bourse d’une plateforme de trading qui facture à ses clients d’imposantes commissions contredit l’idéal des concepteurs du bitcoin, celui d’une finance décentralisée et sans intermédiaires, mais qu’importe. Les supporters les plus ultras ont vu dans la valorisation stratosphérique de l’entreprise une preuve supplémentaire que la relégation en deuxième division constitue l’horizon des banques traditionnelles. Et pourtant, aux Etats-Unis, celles-ci ne se sont pas aussi bien portées depuis longtemps.
Leurs résultats du premier trimestre l’attestent. Les jeunes recrues du centre de formation de Goldman Sachs se plaignent de leurs cadences infernales ? Elles se sentiront d’autant plus fondées à réclamer leurs primes de match, à la vue de la rentabilité qu’affiche leur employeur. A 31 % à fin mars, le rendement annualisé des fonds propres de la banque retrouve des niveaux que l’on croyait rangés dans la boîte à souvenirs de la décennie 2000, quand la grande crise financière n’avait pas encore éclaté.
Sans être aussi flamboyants, les concurrents de Goldman Sachs ont également signé un début d’année de rêve. Ils le doivent à un niveau d’activité exceptionnel sur les marchés de capitaux, à une baisse du coût du risque permise par l’amélioration des perspectives économiques, à une courbe des taux qui favorise la transformation des dépôts en prêts. Nul ne sait combien de temps durera l’effervescence des Bourses, mais les banquiers américains peuvent se montrer optimistes pour les trimestres à venir, si l’effet des plans de relance et d’investissement de l’administration Biden joue à plein.
Bitcoin ou pas, les firmes de Wall Street continuent donc d’évoluer dans leur Super League. Elles creusent chaque année davantage l’écart avec le championnat européen. Un JPMorgan, avec ses 450 milliards de dollars de capitalisation boursière, vaut autant que BNP Paribas, le Crédit Agricole, Deutsche Bank, HSBC, Intesa Sanpaolo et Santander réunis. L’oligopole domestique dont jouissent les banques d’investissement américaines leur offre un formidable matelas de profits. Ici, les marchés de capitaux restent fragmentés et les courbes des taux désespérément plates. La reprise économique s’annonce bien plus lente, suivant le train sénatorial du plan de relance européen. Même lorsqu’un gros client se trouve pris aux Etats-Unis au piège du hors-jeu, tel le fonds spéculatif Archegos Capital, ce sont finalement des acteurs européens – Credit Suisse – ou japonais – Nomura – qui écopent d’un carton rouge, quand Morgan Stanley s’en tire avec un simple rappel au règlement. Tout sauf un hasard.
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