
La réassurance, cible ambiguë des fusions-acquisitions

Excès de capacités, baisse des prix, impact des taux bas… A première vue, la réassurance cumule les handicaps. Et pourtant, le secteur aiguise les appétits, y compris les leaders mondiaux qui semblaient inattaquables. Le français Scor, numéro cinq du secteur, vient de rejeter une offre de rachat de son compatriote Covéa, qui n’a pas dit son dernier mot (lire par ailleurs). Après l’activité soutenue de fusions-acquisitions de 2015-2016, les emplettes ont en effet repris cette année. Les assureurs sont les premiers sur les rangs, comme l’illustre le rachat du bermudien XL par Axa pour 15 milliards de dollars, et d’un acteur moyen, Validus, par l’américain AIG.
Pour autant, ce type de mariage n’est pas sans danger. «Covéa veut franchir la muraille de Chine, juge Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet de conseil Facts & Figures. C’est antinomique pour un assureur d’être au capital de la société qui réassure en partie ses activités. Cela crée un risque systémique car l’assureur risque de payer deux fois un sinistre majeur : en direct d’abord, puis via les pertes du réassureur dont il est actionnaire.»
«L’intérêt d’être présent sur toute la chaîne de valeur»
Mais alors, d’où vient l’appétit des assureurs pour leur contrepartie ? «Le problème des assureurs français, c’est l’absence de cible dans un marché où tout le monde courtise les mêmes mutuelles ou groupes de prévoyance. Quant au courtage, il recèle lui aussi les mêmes conflits d’intérêts», estime le consultant.
D’autres défendent le retour des assureurs dans la réassurance, après leur retrait dans les années 1990. «Les évolutions technologiques, climatiques et autres font que le risque, la matière première du métier, va changer, d’où l’intérêt d’être présent sur toute la chaîne de valeur», juge un professionnel. Ainsi, l’assureur allemand Talanx contrôle, sans accroc, 50,2% de Hannover Re, coté et numéro quatre mondial de la réassurance.
Du côté d’Axa, le rachat de XL a été jugé cher payé. Mais le français «avait une présence limitée sur les grands risques et n’était pas présent dans la réassurance, d’où des duplications limitées, pointe Marc-Philippe Juilliard, analyste chez S&P, qui présentait hier son étude annuelle sur la réassurance. C’est clairement un facteur de confort par rapport à des opérations concernant deux assureurs primaires [sur les mêmes marchés]». En outre, «avec le développement de systèmes intégrés de gestion des risques, assureurs et réassureurs contrôlent parfaitement le niveau de risque et la limite [qu’ils veulent fixer]», ajoute-t-il.
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