
La pression salariale ne faiblit pas dans l’assurance

Déception. La réunion qui se tenait mardi matin entre les six organisations syndicales représentatives du secteur des sociétés d’assurances et France Assureurs, dans le cadre de la clause de réexamen incluse dans les accords conclus en juin sur la revalorisation des rémunérations minimales de branche (RMA), n’a pas convaincu. Après des augmentations pour ces rémunérations minimales comprises entre 1,8% et 5% obtenues au début de l’été, la fédération a proposé une nouvelle hausse de 2% uniquement pour les personnels administratifs de classe 1 et 2, soit les moins bien payés, avec un effet rétroactif. Aucun réexamen concernant les autres populations n’est envisagé.
L’amertume de la CFDT
«Le vide de proposition sur les classes 3 à 5 et 5 à 7 est une déception», juge Francky Vincent, président de la fédération CFE-CGC de l’assurance, deuxième organisation de la branche avec une représentativité de 21,37%. «Dans le même temps, nous avons demandé une négociation dès janvier sur les RMA avec un focus pour les classes 3 à 7 et de prévoir des séquences de concertation si l’inflation galope», explique-t-il. Si le syndicat réfléchit à signer l’accord, la CFDT, première organisation de la branche avec 34,52% de représentativité, ne signera pas. «La réunion avec France Assureurs a été catastrophique. Si nous sommes satisfaits de voir progresser les classes 1 et 2, soit une revalorisation pour 4.000 salariés, les 149.000 restants demeurent sans aucune nouvelle revalorisation, ce qui n’est pas acceptable», justifie Thierry Tisserand, secrétaire général de la fédération banque et assurance de la CFDT. France Assureurs, qui a recueilli deux signatures au début de l'été, ne devrait pas avoir meilleure moisson d’ici à l’hiver.
La rencontre a toutefois été l’occasion de mettre sur la table le sujet du pouvoir d’achat à travers le canal des augmentations de salaire au sein des entreprises. «Nous avons demandé à France Assureurs de faire savoir à leurs mandants que nous attendons des entreprises le même système de fréquence de réunions et des hausses de salaire pour tous les salariés lors des NAO. Nous souhaitons faire le lien entre ce qui se passe au niveau de la branche avec les RMA et ce qui doit se passer dans les entreprises», rapporte Francky Vincent. «Le lien entre les négociations de branche et d’entreprise n’a rien à voir et nous avons constaté qu’il n’y a aucune volonté de la part de la Fédération d’impulser une dynamique pour les négociations au sein des entreprises », regrette, au contraire, Thierry Tisserand.
Prime de partage de la valeur
Déjà, plusieurs acteurs ont annoncé de nouvelles dispositions face aux revendications syndicales liées à l’accélération de l’inflation et en complément des Négociations annuelles obligatoires (NAO) pour 2022. Les compagnies misent notamment sur des primes de partage de la valeur au titre de l’année écoulée : la Macif a versé 1.000 euros en octobre 2022 à ses salariés, qui seront complétés par 500 euros en janvier 2023, la Matmut 900 euros, Groupama Gan entre 850 et 400 euros, Generali 1.000 euros pour les salariés gagnant jusqu’à 70.000 euros par an, la MACSF 800 euros et CNP Assurances entre 800 et 1.000 euros, ont précisé plusieurs sources à L’AgefI
Ce dispositif, qui a remplacé la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat et qui peut s’élever jusqu’à 6.000 euros par salarié, est toutefois critiqué par les différents syndicalistes. Ces derniers jugent qu’il s’agit d’un moyen de faire passer la pilule en attendant les NAO 2023. «En réalité, cette prime est plutôt une prime de rattrapage d’inflation et ne répond pas du tout à ce que nous mettons derrière l’idée du partage de la valeur ajoutée», considère, en outre, Thierry Tisserand. Les bons résultats publiés l’an dernier et en ce début d’année par les assureurs donnent des arguments aux organisations syndicales.
Bientôt un accord chez Axa ?
Alors que les négociations pour 2023 sont sur le point de débuter chez la plupart des acteurs, celles pour l’année en cours restent encore figées chez certains, comme Axa. Après avoir négocié un budget global d’augmentations de salaires de 2,5% en janvier, les syndicats sont revenus à la charge en réclamant un avenant pour solder la hausse de l’inflation. «Nous avons le sentiment que la direction joue la montre pour repousser ces négociations aux discussions sur les NAO 2023 en évoquant, à ce moment, un éventuel rattrapage sur 2022. Or, la CFDT souhaite déconnecter complètement 2022 et 2023. Notre priorité concerne une hausse générale pour tous et nous demandons un geste dès 2022», rapporte Bernard Bosc, coordinateur syndical national Axa CFDT, principale organisation du groupe. «Nous avons repris exceptionnellement les discussions avec les partenaires sociaux dès le 28 septembre dernier pour tenir compte du contexte de l’inflation et du pouvoir d’achat de nos collaborateurs. Ces discussions vont se poursuivre dans les semaines à venir afin de parvenir prochainement à un accord», réagit l’assureur.
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