La plateforme de prêts October met son activité en sommeil

La fintech a cédé son moteur technologique à Sopra Banking. Elle ferme ses implantations hors de France et va se contenter pour l’essentiel de gérer son stock de prêts intermédiés. Explications avec son directeur général.
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Patrick de Nonneville, co-fondateur et directeur général d’October  - 

Le message n’a trompé personne. La plateforme de prêts participatifs October évoque «une étape majeure», dans un message publié le 1ᵉʳ février sur son site internet. C’est même un peu plus que cela. La société annonce en effet avoir cédé son moteur technologique October Connect à Sopra Banking. Elle révèle aussi que son activité de prêts sera quasiment mise en run-off, c’est-à-dire concentrée sur gestion des prêts existants. October, qui deviendra un simple client auprès de la plateforme qu’elle a créée, déclare ainsi avoir pris la décision de «diminuer radicalement» ses capacités d’origination. Si la structure parisienne demeure, celles en Espagne, en Italie en Allemagne et aux Pays-Bas seront fermées.

Le métier d’October consistait à servir d’intermédiaire entre des petites et moyennes entreprises qui avaient besoin de financements, et des investisseurs désireux de trouver du rendement. Or, «dans le contexte économique et de taux actuel, il nous est très difficile de maintenir un volume d’origination suffisant pour être financièrement à l’équilibre». La fintech se trouvait prise entre les rendements exigés par les investisseurs, de plus en plus élevés, et les difficultés que peuvent éprouver les petites et moyennes entreprises pour rembourser leurs prêts.

Modèle à revoir

Depuis sa création, October a opté pour un modèle de plateforme : la société se faisait rémunérer par des commissions, ne prenait aucun risque sur les projets et ne touchait donc aucune part des intérêts. «Le modèle de plateforme fonctionnait très bien quand les taux étaient à zéro, mais, après la hausse des taux violente observée, il s’est révélé difficile à maintenir», explique à L’Agefi Patrick de Nonneville, co-fondateur et directeur général d’October. La société aurait pu faire évoluer son modèle, mais la rapidité du mouvement des hausses des taux l’en a empêchée. Ses actionnaires, dont Idinvest, Partech et CNP, ont pu décider que leur vocation n’était plus aujourd’hui de recapitaliser une société dans laquelle certains sont présents depuis une dizaine d’années, lorsqu’October s’appelait encore Lendix et était dirigée par Olivier Goy.

La cession par October de son joyau technologique peut laisser un goût amer à ceux qui voulaient le voir grandir en interne, même si la plateforme et ses équipes bénéficient d’un environnement pour croître encore davantage chez Sopra. October a en effet financé les PME et TPE à hauteur d’un milliard d’euros depuis sa création. Certaines années, comme en 2020 ou 2021, lorsque le montant des originations se montait à plus de 200 millions d’euros, elle a même atteint l’équilibre financier. En 2022, October, encore en phase de développement, avait racheté Credit.fr à Tikehau.

Les crises semblaient alors sans effet sur la fintech. Lors du Covid, par exemple, lorsque les banques sont massivement intervenues pour secourir le tissu des PME françaises, rendant les financements participatifs moins utiles, le positionnement à l’international d’October avait réussi à maintenir la société à flot. «Lors de la pandémie de Covid, en Italie ou aux Pays-Bas, par exemple, nous avons eu un véritable rôle de transmission du soutien des investisseurs au tissu économique local», se souvient Patrick de Nonneville. Ces temps paraissent bien révolus aujourd’hui.

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