
La Fed assouplit encore le ratio de levier des grandes banques américaines

La Réserve fédérale américaine (Fed) a décidé vendredi d’étendre l’assouplissement du mode de calcul du ratio de levier supplémentaire (SLR) des grandes banques américaines – 3% en plus du ratio de levier Tier 1 de 4% aux Etats-Unis – qu’elle avait introduit temporairement le 1er avril. «Annoncée seulement par la Fed, cette modification temporaire du mode de calcul ne bénéficiait ainsi qu’aux ‘holding companies’ des grandes banques soumises au SLR et aux filiales de ces holdings, notamment les ‘primary dealers’ qu’elle régule, précise Céline Choulet, économiste bancaire chez BNP Paribas. L’extension de la règle annoncée avec les deux autres régulateurs bancaires que sont la FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation) et l’OCC (Bureau de contrôle de la monnaie) permet de l’appliquer à l’ensemble des banques de plus de 250 milliards de dollars d’actifs.»
Cet assouplissement lié à la crise du coronavirus autorise les banques à exclure jusqu’au 31 mars 2021 du dénominateur de leur ratio la détention d’emprunts du Trésor américain «en bilan» ou leurs dépôts auprès de la banque centrale, afin de permettre notamment aux primary dealers de continuer à participer largement aux émissions massives de dette publique. «Ce relâchement visait à atténuer les contraintes auxquelles ils se trouvent confrontés : il devait ‘libérer de l’espace’ dans leur bilan afin qu’ils sollicitent plus largement des emprunts ‘repo’ (auprès de contreparties privées ou de la Fed) et accordent plus largement des prêts ‘repo’ aux ‘hedge funds’ ou gestionnaires d’actifs, pourvoyeurs importants de dollars, aux côtés des banques américaines, sur les marchés FX swap», détaille Céline Choulet.
Comme un emprunt repo a pour effet d’accroître le bilan du primary dealer qui le reçoit, certains anticipaient un nouvel assouplissement de la contrainte : c’est désormais le cas avec la règle du 15 mai qui étend l’exclusion aux Treasuries mis en pension, «puisque c’est le principal levier d’endettement des ‘primary dealers’.» «La question de cette exclusion avait d’ailleurs été posée dans la consultation qui accompagnait la règle et qui s’achevait le 15 mai. La Fed a décidé de franchir le pas, avec les deux autres régulateurs cette fois», poursuit Céline Choulet, rappelant que cela contraindra le versement de dividendes par les banques concernées. La mesure pourrait augmenter notablement leurs gains en fonds propres Tier 1 supplémentaires, qui étaient déjà évalués à 2% ou au moins 75 milliards avant l’extension.
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