
La Caisse des dépôts veut financer l’indépendance énergétique de la France

Des indicateurs sont dans le vert. Eric Lombard, le directeur général de la Caisse des dépôts (CDC), a présenté, jeudi, des résultats «exceptionnels» pour son groupe en 2021 : le résultat net agrégé s’établit à 4,6 milliards d’euros, se décomposant en 3,9 milliards d’euros pour la section générale (contre 566 millions en 2020) et 710 millions d’euros pour les fonds d’épargne (210 millions en 2020). Les fonds propres de la CDC atteignent désormais 62 milliards d’euros.
Après des résultats 2020 pénalisés par la crise, l’année 2021 voit tous les métiers afficher un résultat positif, sauf celui lié aux politiques sociales – structurellement à perte. Ces bons résultats se constatent notamment pour Bpifrance, avec un apport de 835 millions d’euros au résultat, et les gestions d’actifs, qui ont profité de la reprise d’activité et de la hausse des marchés. La Poste a, elle, participé à hauteur de 1,5 milliard d’euros, un «bon rétablissement» par rapport à sa contribution négative de 842 millions d’euros en 2020.
Les gestions d’actifs sont traditionnellement de grosses contributrices au résultat de la Caisse, et c’est encore le cas pour 2021, avec un résultat social agrégé de 1,9 milliard d’euros. L’année passée a été marquée par une activité soutenue, avec des actifs sous gestion en progression de 25,9 milliards d’euros, pour atteindre 225,8 milliards à fin 2021. Le groupe a poursuivi ses investissements, illustrés par des achats nets de cessions de 16,8 milliards d’euros. Il a constaté une surperformance des portefeuilles actions, avec des revenus à plus de 1,6 milliard d’euros et des plus-values du même montant. Son portefeuille d’obligations indexées a délivré une contribution de près de 1,3 milliard. La rentabilité des capitaux propres du métier retrouve son niveau d’avant-crise, à 7,1%.
Rénovation des logements sociaux
Pour Eric Lombard, ce qui compte, ce ne sont pas tant les résultats mais ce qu’on fait des fonds propres créés. «Un des enjeux principaux qu’a révélés la crise en Ukraine est la nécessité de préparer notre indépendance énergétique, ce qui va demander beaucoup d’investissements, notamment dans les énergies renouvelables.» Il souligne ainsi la contribution de certaines des participations stratégiques de la CDC à cette souveraineté, comme RTE et GRTgaz dans les réseaux de transport d’énergie. RTE a participé à la connexion de l’Ukraine au réseau électrique européen, et GRTgaz va, selon le directeur général, «jouer un rôle important, avec moins de gaz russe mais plus de gaz non carbonés, comme l’hydrogène et le biométhane».
Du côté de la production d’énergie, la Caisse a fléché une partie des 26 milliards d’euros du plan de relance vers la transition écologique. A fin 2021, 59% du budget total ont déjà été déployés, et 2,8 milliards d’euros sont d’ores et déjà affectés aux énergies propres financées par la Banque des Territoires, soit 44% de la cible. La Banque des Territoires a ainsi financé 2.295 mégawatts de puissance d’énergie renouvelable et 57.820 bornes de recharge de véhicules électriques. La CDC est aussi actionnaire de la Compagnie du Rhône dans l’hydroélectricité. «On n’a pas attendu la crise ukrainienne pour voir à quel point le sujet de l’énergie et de l’environnement était important pour notre pays, rappelle Olivier Sichel, directeur général délégué de la Caisse des dépôts. La première énergie, c’est celle qu’on économise, et nous sommes très engagés dans la rénovation énergétique des logements sociaux et des bâtiments publics.»
Quant au montant que la Caisse destinera à financer la souveraineté énergétique française, il dépendra du nouvel exécutif, selon Eric Lombard. Réponse après les élections.
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