La Banque Postale arrête les frais chez Ma French Bank

La banque 100% mobile, lancée en grande pompe il y a cinq ans, n’a jamais trouvé son modèle économique. Elle a cumulé 255 millions d’euros de pertes entre 2018 et 2022.
Directeur de la rédaction
Ma French Bank, néobanque de La Banque Postale.
Ma French Bank va cesser ses activités  -  DR.

Fin de partie pour Ma French Bank. Arrivée sur le tard sur le marché de la banque 100% mobile, La Banque Postale a décidé de cesser les activités de sa filiale cinq ans après son lancement en grande pompe. Elle a informé le 18 décembre les instances représentatives du personnel de ce qui n’est encore que l’étude «d’un projet de cessation des activités» d’ici 12 à 18 mois, mais dont l’issue ne fait aucun doute. L’ensemble des 161 collaborateurs de la structure, répartis entre Lille et Paris, se verront proposer un reclassement au sein du groupe.

Cette première décision stratégique marquante de la part du nouveau président du directoire de La Banque Postale, Stéphane Dedeyan, illustre la difficulté des pures banques mobiles à trouver la voie des profits. «Malgré un succès indéniable auprès des clients, Ma French Bank n’a pas atteint la rentabilité et n’a pas encore trouvé son modèle économique», indique le communiqué du groupe. La filiale propose pour l’essentiel un service de compte à vue et de cartes de paiement à 750.000 clients, qui pourront se rabattre s’ils le souhaitent sur les services de La Banque Postale. Elargir l’offre à des produits d’épargne et de crédit, indispensables à la rentabilité, aurait nécessité des investissements que le groupe n’est plus disposé à faire. D’autant que La Banque Postale est engagée dans la propre digitalisation de son offre.

«Ce n’est jamais un bon signal politique d’arrêter une activité, mais le plus important est qu’aucun salarié et client ne soit laissé au bord de la route», constate, fataliste, un représentant syndical.

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Point mort hors d’atteinte

Ma French Bank a cumulé 255 millions d’euros de pertes nettes en cinq ans, de 2018 à 2022, selon les comptes sociaux de l’établissement consultés par L’Agefi. L’an dernier, elle a dégagé une perte nette de près de 61 millions, pour un produit net bancaire de 18 millions, en forte progression, mais constitué uniquement de commissions. Avec des charges fixes annuelles d’environ 75 millions, l’atteinte du point mort semblait impossible à brève échéance, et la barre des 300 millions de pertes cumulées a de fortes chances d'être dépassée fin 2023. La Banque Postale ne commente pas ces chiffres.

Annoncé dès 2016, le projet a aussi pâti d’un retard à l’allumage. Ma French Bank n’a démarré ses activités que début 2019, sur un marché encombré à la fois par les offres des grandes banques et par de nouveaux acteurs, qu’ils soient issus des télécoms (Orange Bank) ou de pures fintechs (N26, Revolut). Elle visait un million de clients en cinq ans. Dans l’intervalle, BPCE a renoncé à se doter d’une banque mobile séparée (Fidor), Orange a arrêté la banque, de même qu’ING Direct en France, tandis que le Crédit Agricole tente la relance de la dernière chance pour BforBank. Outre Fortuneo, seule BoursoBank commence à engranger des profits cette année, grâce à la hausse de taux, au prix d’investissements massifs de la Société Générale.

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