
Jean-Paul Chifflet laisse à son successeur un Crédit Agricole SA remis d’aplomb

Arrivé en 2010 aux commandes de Crédit Agricole SA (CASA), Jean-Paul Chifflet laissera le 20 mai une banque à nouveau solide à son successeur. Celui-ci – Philippe Brassac, sauf surprise – devrait être désigné d’ici à la fin de la semaine prochaine, sans doute le jeudi 26 février selon des proches du dossier. Il trouvera un véhicule coté qui a réalisé en 2014 un résultat net de 2,34 milliards d’euros, en baisse de 6,8% sur un an en raison notamment du coût du sinistre BES au Portugal, tandis que le groupe Crédit Agricole dégage un bénéfice de près de 5 milliards.
«Je suis fier du travail réalisé depuis cinq ans. Le Crédit Agricole a réduit son profil de risque et s’est recentré sur ses métiers de base», indique Jean-Marie Sander, président de CASA.
Un ratio de levier de 4,2% pour CASA
Deux éléments illustrent cette transformation. Longtemps sous-capitalisé, Crédit Agricole SA présentait à fin 2014 un ratio de solvabilité common equity tier one (CET1) de 10,4%, en hausse de 1,9 point sur un an. Il intègre l’hypothèse d’un paiement majoritaire en titres du dividende 2014, fixé à 0,35 euro par action. Le ratio de levier de CASA, publié pour la première fois, s’élève lui à 4,2% sur la base de l’acte délégué publié fin 2014 par la Commission européenne.
Un effet TLAC jugé limité
Au niveau du groupe, référence des superviseurs, le CET1 s’élève à 13,1% et le ratio de levier à 5,2%. Le ratio de solvabilité global approche quant à lui les 19%, non loin des exigences qui seront réclamées aux banques dans le cadre des nouvelles règles du TLAC. «Nous pensons avoir déjà une structure de bilan et un impact en compte de résultat conformes aux exigences du TLAC», qui restent à préciser, indique Bernard Delpit, le directeur financier de CASA. Quant au coût des autres régulations, comme le fonds de résolution bancaire européen, il avait déjà été intégré au plan à moyen terme (PMT) du groupe, contrairement à BNP Paribas, avec un impact estimé à 300 millions à l’horizon 2016 et qui sera de 250 millions en 2015.
L’autre signe de la transformation vient du coût du risque, tombé à 37 pb en 2014, soit sous l’objectif des 40 pb de 2016. Entre les subprimes, les dérivés de crédit, Emporiki et BES, la banque verte a accumulé un lourd passif en la matière depuis le début de la crise financière de 2007. Elle se dit aujourd’hui confiante sur les principaux risques identifiés à ce jour. En Ukraine, sa filiale (1 milliard d’euros de crédit) s’autofinance, et l’exposition en fonds propres de la maison mère est limitée à 90 millions. Le risque grec résiduel est inférieur à 200 millions.
Un redressement des marges sur la production nouvelle
En Russie, CA CIB finançait à hauteur de 3,7 milliards d’euros le 16 février (contre 4,2 milliards fin 2014) les grandes entreprises russes, notamment du secteur de l’énergie. Enfin, le groupe a identifié dans ses livres 6 milliards d’euros d’expositions aux groupes énergétiques directement affectés par la chute des prix du pétrole. Elles sont couvertes à 4,2 milliards par du collatéral, et 159 millions d’encours sont en défaut, provisionnés à 40%.
Par métiers, CA CIB, les services financiers spécialisés, la banque de détail à l’international (hors BES) et LCL voient leur résultat net progresser. La tendance à la baisse des revenus dans la banque de détail en France reste cependant de mise, compensée par des réductions de coûts. Mais le groupe note un redressement de ses marges sur la production nouvelle en fin d’année, grâce à des coûts de financement plus favorables. «On peut avoir une baisse des taux et une hausse des marges», souligne Bernard Delpit, l’effet le plus défavorable de la faiblesse des taux se faisant sentir sur les provisions épargne logement.
Enfin, Amundi confirme son poids croissant dans le dispositif commercial de la banque verte. La filiale de gestion du groupe affichait à fin 2014 des encours de 866 milliards d’euros, en hausse de 11,4% par rapport à fin décembre 2013. La collecte nette a atteint 35,4 milliards d’euros sur l’année, dont 13,1 milliards d’euros au quatrième trimestre 2014. L’effet marché et change s’est élevé, quant à lui, à 53,5 milliards d’euros sur la même période.
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