Jean Laurent, artisan de la mue du Crédit Agricole, est décédé

Le président d’honneur de Covivio avait piloté l’introduction en Bourse du Crédit Agricole et le rachat du Crédit Lyonnais au début des années 2000.
Alexandre Garabedian
Crédit Agricole
Crédit Agricole  -  JP

Jean Laurent, ancien banquier et président d’honneur de Covivio, est décédé le 12 janvier, à l’âge de 78 ans. « Animateur dans l’âme, profondément humain, et grand défenseur du collectif, il a fortement contribué à faire de Covivio un leader européen dans le secteur immobilier », a annoncé jeudi soir dans un communiqué l’ex-Foncière des Régions, dont il avait pris la présidence en 2010 avant de se mettre en retrait l'été dernier pour raisons de santé.

Si Covivio a salué publiquement la mémoire de son président d’honneur, c’est bien au Crédit Agricole que Jean Laurent a effectué l’essentiel de sa carrière. Il y avait dirigé, à partir de 1999 et jusqu’en 2005, la Caisse nationale du Crédit Agricole (CNCA), ancêtre de Crédit Agricole SA (CASA). Personnalité discrète et accessible, ce spécialiste de l’informatique et de la banque de détail a été l’artisan de la transformation du groupe au tournant du millénaire, au travers de deux opérations majeures : l’introduction en Bourse de la CNCA fin 2001, devenue pour l’occasion CASA, et le rachat du Crédit Lyonnais un an plus tard.

Révolution culturelle

Jean Laurent a longtemps fait carrière dans l’ombre du charismatique Lucien Douroux, auquel il avait succédé à la tête de l’organe central du groupe mutualiste. Le projet de cotation était déjà sur les rails, engagé par le tandem Lucien Douroux/Yves Barsalou. Mais Jean Laurent avait piloté et concrétisé ce délicat chantier, qui impliquait une révolution culturelle au sein de la banque verte et une restructuration des liens financiers entre caisses régionales, organe central et filiales spécialisées.

La gestion du dossier Crédit Lyonnais, dont l’Etat était encore actionnaire de référence après le sauvetage du groupe, sera plus compliquée. Persuadé d’être le repreneur naturel de la banque du boulevard des Italiens, le Crédit Agricole se fait doubler par BNP Paribas lors de la première enchère organisée par Bercy pour privatiser ses parts. C’est la crise : dans les jours qui suivent, les patrons des caisses régionales débarquent le président de CASA au profit de René Carron, et acceptent de casser leur tirelire pour remporter le Crédit Lyonnais début 2003. Ce rachat au prix fort rendra la digestion de la banque d’autant plus difficile. Les relations entre René Carron et Jean Laurent, notoirement fraîches, conduiront ce dernier à passer le témoin à Georges Pauget deux ans plus tard.

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