Heureux comme un banquier en Italie

Autrefois en queue du peloton européen, les banques italiennes font des étincelles en Bourse. L'éditorial d’Alexandre Garabedian, directeur de la rédaction de L’Agefi.
Directeur de la rédaction
Rome Italie place Navone
Le risque politique ne disparaît jamais vraiment en Italie (photo : place Navone à Rome)  -  © UE CE Frederic Stevens

Qu’il est loin le temps où la crise de la zone euro envoyait les banques italiennes au tapis. Alors que leurs concurrents français ont signé une fin d’année sans relief, à l’image de BNP Paribas et du Crédit Agricole, les banquiers transalpins font tourner la pompe à profits pour le plus grand bonheur de leurs actionnaires. Dans un pays où les hausses de taux ont été mieux répercutées auprès des emprunteurs que des épargnants, les revenus et les résultats s’envolent.

UniCredit symbolise ce redressement. Au bord de la faillite il y a huit ans, la banque a nettoyé son bilan et se permet désormais de reverser 100% de ses profits de l’exercice écoulé, 8,6 milliards d’euros, sous forme de dividendes et de rachats d’actions. Elle promet encore de redistribuer 90% du résultat net ajusté de 2024. Son ambitieux directeur général, Andrea Orcel, a trouvé la martingale boursière. Depuis sa nomination en avril 2021, le cours de l’action a été multiplié par 3,4.

L’autre poids lourd transalpin, Intesa Sanpaolo, n’est pas en reste. Performance rarissime chez les banques de la zone euro, il se paie en Bourse presque une fois son actif net, le triple de la Société Générale. Même la vénérable Monte dei Paschi, nationalisée pour éviter la faillite, annonce la reprise du versement du dividende après treize ans de disette.

La mansuétude du superviseur bancaire local devant ces accès de générosité peut surprendre, tant les banques italiennes ont longtemps été jugées sous-capitalisées. Que le niveau d’endettement de l’Italie vienne à nouveau à inquiéter les marchés, que les impayés remontent, et le vent pourrait vite tourner pour le secteur financier. Le risque politique ne disparaît jamais vraiment à Rome, comme l’a rappelé au cœur de l’été la menace d’une taxe sur les profits bancaires, finalement édulcorée. Mais pour les prêteurs de la Péninsule et leurs actionnaires, ce qui est pris n’est plus à prendre.

A lire aussi: Les banques, une variable d’ajustement budgétaire toute trouvée

Cet éditorial est également à retrouver dans la chronique hebdomadaire de L’Agefi, «Le cercle des initiés», publiée dans l’Opinion.

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